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Pour En Savoir Plus Sur Nous...

  • Section de Toulouse-Languedoc d'Action française
  • Refondée en 2008 après une période d'hibernation par le Délégué régional de l'Action française dans le Grand Sud-Ouest Vincent Gaillère, la section de Toulouse & Haut-Languedoc rayonne sur la Haute-Garonne, le Tarn, le Tarn-et-Garonne, le Lot, l'Aude, l'Aveyron, l'Ariège et les Pyrénées-Orientales.
  • Refondée en 2008 après une période d'hibernation par le Délégué régional de l'Action française dans le Grand Sud-Ouest Vincent Gaillère, la section de Toulouse & Haut-Languedoc rayonne sur la Haute-Garonne, le Tarn, le Tarn-et-Garonne, le Lot, l'Aude, l'Aveyron, l'Ariège et les Pyrénées-Orientales.

Pas d'exclusive chez nous... sauf contre l'Anti-France!

Tout ce qui

est national

est nôtre.

Le Duc d'ORLEANS.

Vous Cherchez, Nous Trouvons!

"Que faire?" La réponse de Maurras!

"Pas de doctrine

sans action,

pas d'action

sans doctrine!"

(MAURRAS)

 

Archives Militantes De L'action Française-Toulousain Depuis 2007!

9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 09:00

On regardera ci-dessous l'interviouve de Mgr Michel Dubost, évêque de Créteil, à l'occasion de l'assemblée de novembre des évêques de France, à Lourdes, dans laquelle il est chargé du dialogue entre les religions. Sa voix sage et pondérée devrait être écoutée de tous, croyants et incroyants. Pour l'Eglise catholique, comme pour l'Action française, la meilleure arme pour la paix civile en France et contre le racisme identitariste qui, d'où qu'il vienne, est fauteur de troubles et de discordes civiles, est l'amitié catholico-musulmane. Seul ce dialogue fructueux, enraciné dans le divin et conduit dans le respect mutuel de nos différences et de notre histoire nationale commune,  peut assurer l'avenir pacifique et servir de base au relèvement de notre Patrie blessée par trop de haines.

 

 A.F.-Pau & Pyrénées

 

  

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publié par la Section de Pau & Pyrénées - dans Politique religieuse
27 août 2012 1 27 /08 /août /2012 08:00

Lu dans Le Figaro, pour une fois bien inspiré:

"Plusieurs communautés monastiques cherchent des bienfaiteurs sur Internet afin de financer la construction de nouveaux bâtiments.

"De tous temps, les monastères et les abbayes ont été édifiés grâce à la participation de généreux bienfaiteurs. Ère numérique oblige, les communautés monastiques lancent désormais des appels aux dons via Internet.

 

"Les moines bénédictins de la communauté de Saint-Pierre-de-Clairac, dans Lot-et-Garonne, ont créé un site Web afin d'édifier un nouveau prieuré. Les moines produisent et vendent des sandales ou des sculptures mais le projet se chiffre à quelque 5 millions d'euros, selon Chrétien Magazine. Le site permet de suivre le quotidien monastique et détaille les différentes phases du chantier. La communauté a même lancé une application iPhone qui permet entre autres d'écouter les offices quatre fois par jour.

 

"En Ariège, à quelques kilomètres de Foix, une autre abbaye est en cours d'édification. Cinquante religieuses bénédictines, appartenant à la communauté Notre-Dame-du-Pesquié, œuvrent depuis 2011 à la construction d'une église abbatiale. Elles ont recours au même architecte que les moines de Saint-Pierre-de-Clairac, Joël Gigou. Les sœurs dépendent là encore de la générosité de bienfaiteurs pour financer les travaux.

Régulièrement, elles alimentent leur site en images et anecdotes joyeuses sur le chantier en cours. En ce moment, les donateurs peuvent participer à l'opération «charpente-couverture» et financer, en fonction de leurs moyens, 1 m² de tuiles (40 euros) ou 1 m² de panneau isolant (80 euros).

 

"Une belle façon de s'investir dans la communauté pour des fidèles qui se réjouissent de participer concrètement à un projet. Sur le modèle des sites de financement participatif, les moines et moniales de St Joseph, installé non loin de Béziers, ont eux aussi lancé le site qui permet de «devenir un bâtisseurs de monastère». Le projet compte déjà 3.149 participants."

 

Alexandra Michot

 

Source:  http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/07/20/01016-20120720ARTFIG00419-des-moines-appellent-aux-dons-sur-le-web.php

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publié par la Section de Toulouse & Haut-Languedoc - dans Politique religieuse
23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 08:00

Certains amis catholiques d'Action française nous l'ayant demandé, c'est bien volontiers que nous diffusons ci-dessous, pour la clarification des esprits, les conférences, très franches et précises, données à Toulouse et dans l'Aude, les 5 et 6 juin derniers, par M. l'abbé Pflüger, premier assistant de la fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (F.S.S.-P.-X) sur les rapports de celle-ci avec le Saint-Siège dans la crise actuelle de l'Eglise.

 

 

 
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publié par la Section de Toulouse & Haut-Languedoc - dans Politique religieuse
6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 09:00

A propos de l’"esprit d’Assise", de l’Islam et de l’œcuménisme, sur lesquels on a lu ces temps-ci tout et n'importe quoi, on se reportera avec profit à ce que Charles Maurras écrivait il y a quatre-vingt-un ans sur une manifestation "oecuménique" d'importance en terre africaine. Cette analyse sereine pose les fondements permanents de ce que doit être, pour le commun profit des Français, la politique du nationalisme intégral en matière d'harmonie spirituelle entre confessions différentes. Cela rejoint d'ailleurs ce que N.S.P. le pape Benoît XVI essaie, sur un plan supérieur, de faire :

 

Benoit-XVI-election.jpg "Gaudium et spes": N.S.P. le pape Benoît XVI,

le jour de son élection au trône de saint Pierre

(Photo D.R.)

 

« L’alarme de l’esprit religieux chez les musulmans et les israélites fidèles à leur traditions est le grand fait moral du jour et de l’heure que nous vivons. Il serait fou de ne pas le comprendre, plus fou de ne pas l’utiliser. Il y avait longtemps qu’il ne s’était produit dans le monde un évènement plus favorable à la civilisation occidentale tout entière, et plus longtemps peut-être qu’un tel évènement ne s’était produit dans des conditions aussi parfaites.

 

« L’expérience de l’histoire conduit, en effet, à se méfier des alliances religieuses (ou politiques) faites sur le plan de l’égalité, et je n’ai pas besoin de dire combien sont précaires, ou même dangereuses, celles où l’élément le plus noble se trouve, par malchance, subordonné au moins digne. Or, ici, il y a un élément organisateur et fédérateur, et c’est l’élément catholique, ce qui n’ôte rien, ce qui ajoute même à l’atmosphère de concorde et de haute sympathie mentale dans laquelle se produit et se développe une entente si précieuse.

 

« L’Action française n’a jamais confondu un fait et une idée, une rencontre d’heureuses conjonctures et une doctrine. Elle sait, par exemple, quelles profondes différences d’ordre politique et social éloignent et séparent le judaïsme du catholicisme, ou Rome de l’Islam, mais la paisible confrontation des idées, l’émulation, si désirable, des charités, sont des facteurs précieux dont il convient que tout être raisonnable, tout homme vraiment pacifique, prenne l’entière conscience, non seulement avec satisfaction, mais avec une fierté joyeuse doublée d’une espérance que la claire vue des causes en travail devrait même fortifier et consolider. »

 

(Action Française, 9 mai 1930.)

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publié par la Section de Toulouse & Haut-Languedoc - dans Politique religieuse
14 juillet 2011 4 14 /07 /juillet /2011 08:00

Nous avons jugé intéressant d'offrir à nos lecteurs le texte suivant, qui, paru dans Aspects de la France en 1984, n'a pas pris une ride. Il traite en détail des objections communément opposées par certains catholiques traditionalistes à l'Action française.

 

A.F.

 

e_si_ge_apostolique_-_armoiries_de_pie_x.jpg

 

La crise qui, à la suite du Concile Vatican II, secoue l’Eglise catholique est assurément sans précédent. Il était donc normal, il était sain, il était nécessaire que des catholiques conscients de leur formation et désireux de sauver leur âme et celles de leurs enfants, s’organisent pour sauver de la débâcle tout ce qui pouvait l’être en attendant que Rome juge le temps venu de redresser fermement la barre. Ainsi sont nées ces dernières années de très nombreuses associations se donnant pour but d’aider à la sauvegarde de traditions essentielles : la messe, les sacrements, les séminaires, le catéchisme, l’école catholique… etc. La plupart gravitent autour de l’œuvre de Mgr Lefebvre, d’autres s’en écartent pour des raisons qui leur sont propres, mais toutes se placent essentiellement sur le terrain religieux.

 

Entre aussi dans le cadre de cet exposé la Contre-Réforme Catholique, bien qu’elle se distingue des associations catholiques en ce sens que son chef, M. l’Abbé Georges de Nantes, s’attache plus à la Tradition doctrinale qu’aux traditions elles-mêmes et place son action à la fois sur le plan religieux et sur le plan politique.

 

Beaucoup de membres de ces différentes associations sont des amis de l’Action française. Mais il y a aussi qui ne nous aiment guère ou qui, tout au moins, nous soupçonnent de naturalisme parce que nous disons « Politique d’abord ». Enfin, parmi nos amis qui ont un pied l’une ou dans l’autres de ces associations, il en est qui sont tentés d’y mettre les deux pieds, pensant qu’il est aujourd’hui plus urgent de donner leur temps, leurs forces et leur argent à des œuvres de renaissance catholique que de travailler à la restauration de la Monarchie qui, pensent-ils encore, ne se fera que lorsque la France sera redevenue chrétienne.

 

Il importe donc, à l’égard des uns et des autres, de préciser la position de l’Action française, son originalité, son caractère irremplaçable dans le combat contre-révolutionnaire.

 

Nos devoirs envers la nation

 

D’abord, un rappel de simple bon sens : nul n’a le droit, pour quelque raison que ce soit, de se soustraire à ses devoirs envers la nation. La nation est un héritage dont chaque génération est responsable devant les générations suivantes. Notre simple « vouloir-vivre », le souci de la continuité de nos œuvres et de la pérennité de nos familles doit obligatoirement nous amener à rechercher dans l’expérience des siècles les grandes lois qui ont maintenu la France dans son être intégral et qui peuvent aujourd’hui dicter une action de salut public. C’est là la seule, mais la très noble raison d’être de l’Action française, qui rassemble sur le terrain de la défense de la nation tous ceux qui se savent unis au sein de celle-ci dans une communauté de destin : des catholiques certes, mais aussi des Français d’autres religions ou même d’aucune religion. Car Maurras nous l’a fort bien expliqué : depuis la rupture au  XVIème siècle de l’unité chrétienne, il n’y a plus rien qui puisse, au temporel, servir de cadre aux ententes humaines, amener les hommes à surmonter leurs individualismes en vue d’un bien qui les dépasse, plus rien si ce n’est la nation.

 

Cette obligation d’être nationalistes et de travailler sur le plan politique au rassemblement des Français pour la défense de la nation n’est pas une simple obligation morale. Elle est inscrite dans notre nature même de Français héritiers d’un grand passé. Et surtout elle est inscrite dans le Décalogue où le IVème commandement : « Tes père et mère honoreras » dit très nettement ce qu’il faut faire pour que les familles et les sociétés vivent « longuement ».

 

Donc, premier point : l’Action française, en s’attachant coûte que coûte, à la défense de la nation, n’est ni impie, ni « naturaliste », elle ne fait que son devoir.

 

Le combat prioritaire

 

Se pose maintenant la question de savoir si, alors que s’effondrent toutes les valeurs religieuses, morales, familiales, culturelles… etc., ce combat pour une politique au service de la France reste prioritaire.

 

Je répondrai sans hésiter : oui, plus que jamais !

 

Il est clair que la République mène la France à sa perte, et la crise vers laquelle nous allons aujourd’hui risque d’être décisive. Ne pas consacrer l’essentiel de nos forces à intensifier la propagande pour, le jour venu, saisir l’occasion d’imposer la seul régime qui su unir et faire prospérer la France, c’est-à-dire la Monarchie, ce serait de notre part une désertion.

 

Bien sûr, les conditions d’une véritable restauration de la France en son être intégralement catholique ne sont pas réunies. C’est probablement ce qui fait refuser par certains traditionalistes notre « Politique d’abord ». Reconnaissons que notre situation et dramatique : en se déchristianisant, les Français ont perdu le sens du sacré et ce n’est pas le clergé « conciliaire » qui peut le leur rendre. Mais si, pour agir sur le plan politique, nous devions attendre que la France ait été rechristianisée, que les évêques aient renoncé à toue démagogie et que le Prince lui-même soit à cent pour cent selon nos désirs, il n’y aurait peut-être jamais plus de France chrétienne, car il n’y aurait plus de France du tout. Quand un homme est en danger de mort, est-ce qu’on attend que soit venu le prêtre pour appeler le médecin ? Puisque nous savons par expérience que nous pouvons sauve la France en la débarrassant du système électif, il faut immédiatement préparer le rétablissement de la Monarchie, – et avec le Prince tel qu’il est (et nous savons qu’il est parfaitement conscient de sa mission).

 

Mgr-le-Comte-de-Paris--Pr-tendant-au-Tr-ne-de-Fr.jpg

 

Monseigneur le Comte de Paris, Duc de France, Prétendant au Trône sous le nom de Henri VII (photo D.R.)

 

 

Donc n’attendons plus : il faut tout de suite mener une action politique et parler le langage politique qui, pour réussir, puisse être compris par tous ceux qui parlent encore français, qui agissent en Français, qui aiment la France, qu’ils soient catholiques ou non. N’abandonnons jamais nos devoirs envers une France qui chancelle et qu’il faut maintenir envers et contre tout, même avec des Français qui ne partagent pas notre foi.

 

L’A.F. se suffit à elle-même dans son ordre

 

Il faut maintenant insister, à l’intention de ceux qui pourraient avoir encore quelques scrupules, sur le fait de notre combat, même essentiellement politique, a une immense portée spirituelle et qu’il contribue – je vais même jusqu’à dire qu’il est indispensable – à la restauration des valeurs morales. Et cela, de plusieurs façons :

 

D’abord, parce que notre effort pour retrouver la tradition française nous fait inévitablement rencontrer le catholicisme romain. Celui-ci a joué un rôle déterminant dans la formation de la France et nous en restons imprégnés, que nous le voulions ou non. L’Action française non seulement respecte mais admire la religion catholique. Vous savez en quels termes Charles Maurras en a parlé dans l’introduction de son livre La Démocratie religieuse : il l’aimait non seulement parce que elle est un élément de l’héritage, mais parce qu’elle est l’Ordre, l’« Eglise de l’Ordre » – et pas seulement un élément social, mais aussi l’ordre dans touts ses éléments : la soumission de la partie au tout, du sentiment à la raison, de l’individu à l’espèce ; parce qu’elle met, par son enseignement, chaque chose à sa place dans l’ordre du monde… Il est indéniable qu’en faisant aimer ainsi la religion catholique dans toute sa tradition, l’Action française amène les Français de tous horizons à considérer objectivement que cette religion est le bien, et cela a préparé plus d’un à reconnaître qu’elle est le vrai.

 

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En outre, la méthode qui est la nôtre, l’empirisme organisateur, et qui consiste à rechercher l’expérience des siècles les grandes lois de l’ordre naturel, participe, que nous y pensions ou non, de l’objectivité catholique : les lois que nous découvrons sont les lois naturelles voulues par Dieu pour l’ordre de sa Création. Il va sans dire que la vérité politique que nous dégageons met sur la voie de la Vérité tout court.

 

C’est pourquoi il ne faut pas croire que l’Action française soit indifférente à la crise actuelle de l’Eglise, même si, en tant que telle, elle n’a pas à s’immiscer dans les querelles théologiques ou liturgiques, ni à juger du bien-fondé des tels jugements portés par tels orateurs ecclésiastiques sur les actes du Pape en matière religieuse. Et ceux qui  me lisent depuis douze ans savent que je ne suis pas tendre pour les progressistes, ni pour les démocrates-chrétiens, ni pour les évêques qui se rangent derrière les équivoques de Vatican II pour changer jusque dans l’esprit des enfants du catéchisme la manière d’être catholique ou pour ménager un arrangement avec l’Etat socialiste sur l’école libre… La formation d’Action française nous donne certainement, pour analyser la crise de l’Eglise, une objectivité qui risque parfois de manquer dans certains milieux traditionalistes. Notre méthode d’analyse, fondée sur les faits, dépouillée de tout sentimentalisme, nous éviter certains excès dont il est si difficile, pour d’autres, de se garder dans le désordre actuel.

 

L’Action française ne se contente pas d’analyses abstraites ; elle enregistre aussi avec une grande satisfaction toutes les réalisations des traditionalistes qui, dans la tourmente, maintiennent ce qui ne doit pas mourir (séminaires, liturgie, catéchisme, écoles réellement catholiques). Tous ceux qui ont le souci de la renaissance de la France dans son être propre doivent s’en réjouir. Il découle de cela que nous ne condamnons nullement ceux de nos amis qui apportent une aide à ces réalisations, ni ceux qui vont chercher chez M. l’abbé de Nantes leur aliment spirituel. Comme je l’ai écrit dans Aspects du 19 avril, répondant à notre ami Jean Vieux à propos de sa brochure sur la Contre-Réforme Catholique, « Maurras n’a jamais prétendu répondre à toutes les aspirations de l’homme ».

 

Mais j’ajoute aussitôt : il ne faut pas sacrifier le combat politique au combat religieux. Ni, non plus, laisser le combat religieux absorber le combat politique. L’action française, disais-je encore à Jean Vieux, se suffit à elle-même dans son ordre : le politique. Et c’est parce qu’elle s’y tient, seulement mais totalement, qu’elle est aujourd’hui plus que jamais irremplaçable. C’est ce qu’il me reste à montrer avant de terminer.

 

La portée spirituelle du « Politique d’abord »

 

Nous sommes les seuls, dans le combat contre-révolutionnaire, à désigner et à bien connaître la cause du mal : c’est la démocratie. Nous avons la plus longue expérience du combat contre la démocratie qui aujourd’hui répand ses ravages sur l’Eglise après les avoir répandus sur la Nation française et les autres nations occidentales. La démocratie, comme Maurras l’a bien expliqué, est née elle-même de l’esprit de libre-examen inoculé à l’Occident au XVIème siècle par Luther. La Révolution de 1789, c’est le triomphe politique du luthérianisme. De l’erreur théologique à l’erreur politique il n’y a qu’un pas, c’est toujours une erreur sur la place de l’homme dans l’ordre de la Création, une rupture avec l’ordre catholique.

 

Tant que les principales nations chrétiennes restèrent fidèles à leurs traditions, l’Eglise catholique resta elle aussi intacte, et le XVIIème siècle fut un grand siècle catholique. Mais dès que la France fit du libre-examen, autrement dit du culte de l’homme et de sa volonté souveraine, le fondement d’un nouvel ordre politique, l’Eglise se trouva entravée dans sa mission. Au nom d’une nouvelle définition de la liberté, les hommes d’Eglise furent condamnés à admettre que la religion ne soit plus qu’une affaire privée ; l’Etat leur imposa les lois laïques. Et peu à peu, dans l’espoir sincère mais naïf de retrouver une audience dans un monde qui fonde toute « légitimité » sur l’adhésion populaire, ils se mirent à adopter le langage nouveau, puis les idées nouvelles, aboutissant ainsi à ce curieux mélange qu’était la démocratie-chrétienne et finalement à ce monstrueux mélange qu’est aujourd’hui le progressisme. C’est ainsi, et pas autrement, que la démagogie, la compromission, l’esprit de lutte des classes et autres aberrations se sont introduits dans l’Eglise, au point aujourd’hui de paralyser l’enseignement de la Vérité.

 

Il faut bien en conclure – et je me permets de vous renvoyer à mon livre L’Illusion démocratique – que lorsque nous aurons chassé la démocratie dans l’Etat, nous aurons fait énormément pour la remise en ordre de l’Eglise. Quand, sous l’autorité du Roi, les communautés naturelles auront pu se rétablir librement et redonner aux hommes  le sens des vraies solidarités, les prêtres se rendront bien vite compte qu’ils n’ont pas besoin de faire de la démagogie pour faire passer la vérité. Quand, ayant rejeté le système électif, on en aura fini avec le mythe de la souveraineté du peuple, le pouvoir royal, libéré de toute idéologie, soucieux du seul bien commun, conscient de ce qui est bon pour la France, rendra à l’Eglise toute sa liberté et aux familles la liberté de faire enseigner  leurs enfants dans la foi de leurs ancêtres. On ne verra plus des évêques réduits à demander quelques concessions à l’Etat au nom de sa propre conception de la liberté ! La liberté d’enseignement redeviendra la liberté de conduire les enfants au Vrai, au Beau et au Bien. Le rétablissement de la Monarchie libèrerait l’Eglise de ce souci démentiel de se faire accepter, parce que la Monarchie n’imposerait aucune idéologie, aucune conception de l’homme. Je ne dis pas que tout serait réglé pour autant, mais il est clair que le renversement de la démocratie politique rendrait sans objet les contorsions de nos évêques pour se faire bien voir d’une intelligentsia véhiculant une pensée à la mode. Le Roi, ayant tout intérêt à laisser la France s’organiser selon l’ordre naturel, susciterait, protégerait la liberté de tout ce qui ce qui constitue le vrai visage de la France. En revanche au nom du bien commun, il aurait le droit de sévir contre les hommes d’Eglise qui se serviraient de leur qualité d’ecclésiastiques pour troubler l’ordre public. La Monarchie laisserait toute liberté d’aller au Vrai et au Bien ; elle mettrait des limites à la liberté de dérailler ; la démocratie est tenue par son idéologie même de faire exactement le contraire. C’est pourquoi il ne sera jamais possible de redresser fermement les intelligences, pas plus dans le domaine religieux que dans les autres, tant que l’on sera en démocratie.

 

L’exemple de sainte Jeanne d’Arc

  

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Voilà donc pourquoi notre action politique, même dans un souci spirituel, est indispensable. Nous n’entendrons nullement décourager les traditionalistes et nous sommes heureux d’accomplir avec eux des actions communes, comme par exemple, le cortège traditionnel d’hommage à sainte Jeanne d’Arc. Mais dites à vos amis traditionalistes que leur œuvre, fort utile, sera sans cesse à recommencer tant qu’elle s’exercera dans une société organisée essentiellement, idéologiquement, en vue de se passer de Dieu.

 

Et puisque je viens d’évoquer Jeanne d’Arc, ayons toujours son exemple présent à nos yeux. Dans une Europe livrée à tous les désordres politiques autant qu’intellectuels et religieux, elle a d’abord remis sa nation la France en bon état de vivre, elle a dit : « Politique d’abord ». Et c’est à partir de cela que se sont opérés les autres redressements. La leçon ne doit pas être perdue. Pour nous, Français, héritiers d’une nation qui est l’élément le plus riche de la chrétienté, la fille aînée de l’Eglise, une action, pour être tout à fait chrétienne, ne peut jamais cesser d’être une action française.

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publié par la Section de Toulouse & Haut-Languedoc - dans Politique religieuse
21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 08:00

Nous donnons ci-dessous l'excellent billet du père Emmanuel Pic, professeur au grand séminaire de Mayidi (Congo-Brazzaville) et à la Catho de Bourgogne, publié sous le titre "Laïque comme Dieu en France" sur www.sacristains.fr; la seule nuance que la fédération Grand Sud-Ouest de l'Action française apporte est dans l'appréciation, un tantinet trop indulgente, qu'il a de ces canailles anticléricales de Combes et de Briand:

 

"Il y a des mots qui, à force d’être utilisés, s’usent tellement qu’ils ne veulent plus rien dire. Dans ce dictionnaire des mots en voie de dissolution, « Laïcité » figure en bonne place. La tribune publiée par la conférence des responsables de culte vient opportunément le rappeler : invoquer la laïcité à tort et à travers ne fait que rajouter à la confusion générale. Une confusion d’autant plus regrettable que, comme le rappellent les signataires, c’est « un des supports de notre démocratie » qui se trouve ainsi fragilisé.

 

"Petit rappel : la laïcité, en France, est la forme que prend chez nous la sécularisation, c’est-à-dire le long processus au terme duquel Dieu a cessé d’être la réponse aux questions qui n’ont pas de réponse, et la justification de l’ordre social. Cette exception française n’est pas seulement une question de mots : elle vise la manière dont s’est déroulé ce processus, en particulier à travers les « lois de laïcité » des débuts de la IIIe République. Laïcisation des funérailles, séparation de l’instruction religieuse et de l’instruction publique, expulsions de congrégations, ont culminé en 1905 par le vote de la fameuse loi de séparation.

 

"La loi de 1905 n’est pas anticléricale, contrairement aux intentions de son initiateur, Émile Combes. Ce n’est d’ailleurs pas ce dernier qui en est l’auteur, mais Aristide Briand, qui lui avait succédé dans un esprit d’apaisement. Elle commence par la proclamation de la liberté de conscience et garantit la liberté des cultes ; elle se poursuit par la privatisation de ces cultes : il faut entendre cette privatisation au sens où l’État déclare ne plus intervenir dans ce domaine, ce qui se traduit d’abord par un arrêt de leur financement public ; elle se conclut par l’organisation nouvelle des relations entre les religions et l’État (ce qui signifie que l’État continue à reconnaître l’existence des Églises et leur organisation propre).

 

"La loi de séparation a dû être complétée très rapidement, en particulier à cause de l’opposition des catholiques à la formation autoritaire d’associations cultuelles ; elle n’a donc jamais été considérée comme un bloc intouchable. Ce sont les grands équilibres qu’elle établit qui sont à respecter : liberté religieuse, séparation d’avec l’État, respect des convictions de chacun, garantie par l’État de l’exercice libre des cultes. La séparation a été comprise dès l’origine comme une obligation de neutralité de l’État, et donc des services publics. C’est à ces grands équilibres qu’on donne le nom de « laïcité », ce sont eux qui sont visés par la Constitution lorsqu’elle proclame que la République est laïque.

 

"La laïcité ainsi entendue a aujourd’hui une conséquence paradoxale : en assurant la liberté de culte, elle a permis une modification considérable du paysage religieux de notre pays. S’il y a aujourd’hui autant de mosquées, de temples bouddhistes et d’églises évangéliques en France, c’est bien à cause de la loi de 1905 et de la conception de la laïcité qui en résulte. Cela fait de notre pays l’un des endroits au monde où les conséquences de la modernité sur les manières de croire sont les plus évidentes : pour reprendre en la détournant l’expression d’un éminent sociologue des religions1, « Dieu change en France… mais il n’est pas prêt de quitter la France ».

 

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Notre Saint-Père le Pape Benoît XVI (photo D.R.)

 

"Les changements dans l’univers religieux – et en particulier l’apparition massive de l’islam -  sont aujourd’hui la raison invoquée pour proposer une nouvelle compréhension de la laïcité. Il s’agit d’abord de transformer la privatisation des cultes en un considérable rétrécissement de leur exercice public (la religion est comprise, dans cette conception, comme relevant du domaine strictement individuel) ; il s’agit ensuite d’exiger la neutralité, non plus seulement du service public, mais de ses usagers, et de l’espace public tout entier. La laïcité n’est plus le respect des convictions de chacun, mais l’interdiction de toute attitude, de tout symbole religieux dans les espaces communs. Du coup, se développent des attitudes de défiance vis-à-vis de tout ce qui relève du religieux : on le soupçonne d’être facteur de violence, les enfants sont priés de cacher leurs médailles de baptême à l’école, crèches et sapins de Noël disparaissent… Notre laïcité sombre dans la peur du curé, alors qu’a disparu depuis le longtemps le spectre du cléricalisme.

 

"Il s’agit, bien sûr et en priorité, d’abord de l’islam et de l’inquiétude que provoque son irruption dans notre monde autrefois catholique. Mais les exigences de l’état de droit font qu’on ne peut pas traiter une religion différemment d’une autre : aucune loi ne saurait viser l’islam en particulier, sans avoir des conséquences sur l’organisation des cultes dans leur ensemble.

 

"Dans ce contexte, la tribune commune des responsables de cultes vient à point. Elle rappelle l’attachement de tous à la laïcité, comprise comme liberté d’opinion et respect des croyances. Elle signale les dangers d’instrumentalisation de l’idée de laïcité, que ce soit par un gouvernement ou par un parti politique quel qu’il soit. Elle signale que les croyants doivent faire entendre leur voix dans un tel débat, car ils sont les premiers concernés. Les signataires prennent date pour le mois d’octobre prochain en invitant à une rencontre nationale sur ce thème : un tel événement sera, n’en doutons pas, l’occasion de faire entendre un tout autre son de cloche que la mauvaise musique de la peur de l’islam."



  1. Yves Lambert, Dieu change en Bretagne, Paris (éd. du Cerf), 1985. []



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publié par la Section de Toulouse & Haut-Languedoc - dans Politique religieuse
1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 08:00

On verra ci-dessous avec intérêt la vidéo d'une récente conférence de l'historien Philippe Prévost sur la Condamnation de l'Action française, enregistrée à Nice:

 

 

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publié par la Section de Toulouse & Haut-Languedoc - dans Politique religieuse
14 juillet 2010 3 14 /07 /juillet /2010 08:00

Sans prétendre en reprendre totalement à son compte la forme ou le fond, la section de Toulouse & Haut-Languedoc de l'Action française donne ci-après, pour l'information de ses amis, un extrait d'article, paru il y a quelque temps dans une revue anticonformiste; il a le mérite de mettre les catholiques en garde contre la tentation du repli sur le "petit village gaulois", cher aux identitaristes; nous en soulignons les passages les plus stimulants pour la réflexion, laissant libres nos amis de conclure à la prudence et à l'équilibre dans les rapports du spirituel et du temporel:

 

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"Pourquoi s’attaquer au communautarisme catho ? Je ne suis pas pour la réduction de la religion à la sphère privée. Ce qui me pose problème ce n’est pas le fait communautaire ou la volonté des catholiques de construire une société conforme aux valeurs qu’ils portent. Il est par ailleurs bien évident que la foi produit de la culture car les communautés chrétiennes sont historiques. Ce qui me préoccupe c’est justement le destin historique de la culture d’origine chrétienne. Aujourd’hui, elle est parfois défendue en tant qu’identité sociale, racine historique, héritage, mais la foi devient seconde voire elle est instrumentalisée au service de cette culture et de cette société. Des groupes sociaux vont mobiliser la référence chrétienne comme facteur de cohésion et de distinction pour définir de manière inclusive et exclusive ce qu’est leur groupe. Or, selon moi, il y a là une déviance terrible, car c’est la foi même, sa nature et son autonomie qui se trouve niée. Quand j’entends des « identitaires » qui ont la nostalgie du national, du local, du rural, du familial, du catholique, (etc.), je vois que la foi est mise sur le même plan que d’autres types d’appartenance dans la seule finalité politique et sociale d’exclure. Réaction qui se comprend très bien dans le contexte de la mondialisation. Sauf que la foi n’a rien à voir avec cela.

"La foi n’est pas héréditaire

"Sans doute Dieu œuvre par les médiations humaines. Nous héritons d’une culture chrétienne, nos pères nous ont transmis la Révélation. Mais attention : dans l’Eglise, la succession apostolique n’est pas une succession héréditaire. C’est Dieu qui appelle ! De la même manière, la foi ne s’hérite pas, elle est un don de Dieu : c’est la conversion personnelle, une relation d’amour et de fidélité au Christ. La foi n’est pas la propriété d’un groupe social ou d’une culture. Elle est un dépôt à transmettre à toutes les nations. La foi ne peut être mobilisée contre les païens, les incroyants ou les gentils sans dénaturation profonde. La croix du Christ ne peut être un étendard d’un groupe de « parfaits » contre le reste du monde, car sur sa croix le Christ est mort pour tous les hommes.

 

"Le communautarisme : nostalgie de la religion civile

"Le communautarisme – qui n’a rien à voir avec l’existence de communautés spontanées ou organisées de chrétiens – vise sur le mode anglo-saxon à faire exister les catholiques comme un groupe social, avec une culture, contre d’autres groupes sociaux ou confessionnels. Le communautarisme est à la fois fruit du conflit et instrument dans le conflit. Il est une réponse au multiculturalisme croissant des sociétés occidentales. Il tente une coalescence des individus héritiers d’une même identité pour éviter leur dissolution dans la grande soupe de la « world culture ». Mais la foi n’est pas un instrument au service de la survie d’un groupe ou d’une culture. Il faut veiller à ce que les « catholiques et français toujours » ne tombent pas dans le contre témoignage en instrumentalisant la foi. Le spirituel ne doit pas être assujetti au temporel. Il y a dans le rapport des communautaristes au catholicisme une nostalgie inavouée de la religion civile. (...) Sous couvert d’une pseudo finalité apostolique, le communautarisme catho est surtout une sécularisation radicale du catholicisme, une dénaturation profonde de la Nouvelle Alliance, bref le retour du grand inquisiteur…"

 

 

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"Défendons nos communautés", une célèbre affiche de l'Action française des années 1980  qui rappelle que nous n'avons pas attendu les identitaristes pour défendre efficacement les communautés naturelles (D.R.)

 

 

 

(Article extrait de la revue Les Epées, n°23, 2007. Site: http://www.lesepees.fr/ )

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publié par la Section de Toulouse & Haut-Languedoc - dans Politique religieuse
13 septembre 2008 6 13 /09 /septembre /2008 12:30

Monsieur le Cardinal Vingt-Trois,
Messieurs les Cardinaux
et Chers Frères dans l'Épiscopat,
Frères et sœurs dans le Christ,

Jésus-Christ nous rassemble en cet admirable lieu, au cœur de Paris, en ce jour où l'Église universelle fête saint Jean Chrysostome, l'un de ses plus grands Docteurs qui par son témoignage de vie et son enseignement, a montré efficacement aux chrétiens la route à suivre. Je salue avec joie toutes les Autorités qui m'ont accueilli en cette noble cité, tout spécialement le Cardinal André Vingt-Trois, que je remercie pour ses aimables paroles. Je salue aussi tous les Évêques, les Prêtres, les Diacres qui m'entourent pour la célébration du sacrifice du Christ. Je remercie toutes les Personnalités, en particulier Monsieur le Premier Ministre, qui ont tenu à être présentes ici ce matin ; je les assure de ma prière fervente pour l'accomplissement de leur haute mission au service de leurs concitoyens.

La première Lettre de saint Paul, adressée aux Corinthiens, nous fait découvrir, en cette année paulinienne qui s'est ouverte le 28 juin dernier, à quel point les conseils donnés par l'Apôtre restent d'actualité. « Fuyez le culte des idoles » (1 Co 10, 14), écrit-il à une communauté très marquée par le paganisme et partagée entre l'adhésion à la nouveauté de l'Évangile et l'observance de vieilles pratiques héritées de ses ancêtres. Fuir les idoles, cela voulait dire alors, cesser d'honorer les divinités de l'Olympe et de leur offrir des sacrifices sanglants. Fuir les idoles, c'était se mettre à l'école des prophètes de l'Ancien Testament qui dénonçaient la tendance humaine à se forger de fausses représentations de Dieu. Comme le dit le Psaume 113 à propos des statues des idoles, elles ne sont qu’ « or et argent, ouvrages de mains humaines. Elles ont une bouche et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas, des oreilles et n'entendent pas, des narines et ne sentent pas » (4-5). Hormis le peuple d'Israël, qui avait reçu la révélation du Dieu unique, le monde antique était asservi au culte des idoles. Très présentes à Corinthe, les erreurs du paganisme devaient être dénoncées, car elles constituaient une puissante aliénation et détournaient l'homme de sa véritable destinée. Elles l'empêchaient de reconnaître que le Christ est le seul et vrai Sauveur, le seul qui indique à l'homme le chemin vers Dieu.

Cet appel à fuir les idoles reste pertinent aujourd'hui. Le monde contemporain ne s'est-il pas créé ses propres idoles ? N'a-t-il pas imité, peut-être à son insu, les païens de l'Antiquité, en détournant l'homme de sa fin véritable, du bonheur de vivre éternellement avec Dieu ? C'est là une question que tout homme, honnête avec lui-même, ne peut que se poser. Qu'est-ce qui est important dans ma vie ? Qu'est-ce que je mets à la première place ? Le mot « idole » vient du grec et signifie « image », « figure », « représentation », mais aussi « spectre », « fantôme », « vaine apparence ». L'idole est un leurre, car elle détourne son serviteur de la réalité pour le cantonner dans le royaume de l'apparence. Or n'est-ce pas une tentation propre à notre époque, la seule sur laquelle nous puissions agir efficacement ? Tentation d'idolâtrer un passé qui n'existe plus, en oubliant ses carences, tentation d'idolâtrer un avenir qui n'existe pas encore, en croyant que, par ses seules forces, l'homme réalisera le bonheur éternel sur la terre ! Saint Paul explique aux Colossiens que la cupidité insatiable est une idolâtrie (Cf. 3,5) et il rappelle à son disciple Timothée que l'amour de l'argent est la racine de tous les maux. Pour s'y être livrés, précise-t-il, «certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligés à eux-mêmes des tourments sans nombre » (1 Tm 6, 10). L'argent, la soif de l'avoir, du pouvoir et même du savoir n'ont-ils pas détourné l'homme de sa Fin véritable, de sa propre vérité ?

N.S.P. le Pape Benoît XVI, un homme d'oraison (photo D.R.)

Chers frères et sœurs, la question que nous pose la liturgie de ce jour trouve sa réponse dans cette même liturgie, que nous avons héritée de nos Pères dans la foi, et notamment de saint  Paul lui-même (Cf. 1 Co 11, 23). Dans son commentaire de ce texte, saint Jean Chrysostome fait remarquer que saint Paul condamne sévèrement l'idolâtrie, qui est une « faute grave », un « scandale », une véritable « peste » (Homélie 24 sur la première Lettre aux Corinthiens, 1). Immédiatement, il ajoute que cette condamnation radicale de l'idolâtrie n'est en aucun cas une condamnation de la personne de l'idolâtre. Jamais, dans nos jugements, nous ne devons confondre le péché qui est inacceptable, et le pécheur dont nous ne pouvons pas juger l’état de la conscience et qui, de toute façon, est toujours susceptible de conversion et de pardon. Saint Paul en appelle à la raison de ses lecteurs : « Je vous parle comme à des gens réfléchis : jugez vous-mêmes de ce que je dis » (1 Co 10, 15). Jamais Dieu ne demande à l'homme de faire le sacrifice de sa raison ! Jamais la raison n'entre en contradiction réelle avec la foi ! L'unique Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, a créé notre raison et nous donne la foi, en proposant à notre liberté de la recevoir comme un don précieux. C'est le culte des idoles qui détourne l'homme de cette perspective, et la raison elle-même peut se forger des idoles. Demandons donc à Dieu qui nous voit et nous entend, de nous aider à nous purifier de toutes nos idoles, pour accéder à la vérité de notre être, pour accéder à la vérité de son être infini !

Comment parvenir à Dieu ? Comment parvenir à trouver ou retrouver Celui que l'homme cherche au plus profond de lui-même, tout en l'oubliant si souvent ? Saint Paul nous demande de faire usage non seulement de notre raison, mais surtout de notre foi pour le découvrir. Or, que nous dit la foi? Le pain que nous rompons est communion au Corps du Christ ; la coupe d'action de grâce que nous bénissons est communion au Sang du Christ. Révélation extraordinaire, qui nous vient du Christ et qui nous est transmise par les Apôtres et par toute l'Église depuis deux millénaires : le Christ a institué le sacrement de l'Eucharistie au soir du Jeudi Saint. Il a voulu que son sacrifice soit de nouveau présenté, de manière non sanglante, chaque fois qu'un prêtre redit les paroles de la consécration sur le pain et le vin. Des millions de fois, depuis deux mille ans, dans la plus humble des chapelles comme dans la plus grandiose des basiliques ou des cathédrales, le Seigneur ressuscité s'est donné à son peuple, devenant ainsi, selon la formule de saint Augustin, « plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes » (cf. Confessions III, 6. 11).

Frères et sœurs, entourons de la plus grande vénération le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur, le Très Saint-Sacrement de la présence réelle du Seigneur à son Église et à toute l'humanité. Ne négligeons rien pour lui manifester notre respect et notre amour ! Donnons-lui les plus grandes marques d'honneur ! Par nos paroles, nos silences et nos gestes, n'acceptons jamais de laisser s'affadir en nous et autour de nous la foi dans le Christ ressuscité présent dans l'Eucharistie ! Comme le dit magnifiquement saint Jean Chrysostome lui-même : « Passons en revue les ineffables bienfaits de Dieu et tous les biens dont il nous fait jouir, lorsque nous lui offrons cette coupe, lorsque nous communions, lui rendant grâce d'avoir délivré le genre humain de l'erreur, d'avoir rapproché de lui ceux qui en étaient éloignés, d'avoir fait, des désespérés, et des athées de ce monde, un peuple de frères, de cohéritiers du Fils de Dieu » (Homélie 24 sur la Première Lettre aux Corinthiens, 1). En effet, poursuit-il, « ce qui est dans la coupe, c'est précisément ce qui a coulé de son côté, et c'est à cela que nous participons » (ibid.). Il n'y a pas seulement participation et partage, il y a «union», dit-il.

La Messe est le sacrifice d'action de grâce par excellence, celui qui nous permet d'unir notre propre action de grâce à celle du Sauveur, le Fils éternel du Père. En elle-même, la Messe nous invite aussi à fuir les idoles, car, saint Paul insiste, « vous ne pouvez pas en même temps prendre part à la table du Seigneur et à celle des esprits mauvais » (1 Co 10, 21). La Messe nous invite à discerner ce qui, en nous, obéit à l'Esprit de Dieu et ce qui, en nous, reste à l'écoute de l'esprit du mal. Dans la Messe, nous ne voulons appartenir qu'au Christ et nous reprenons avec gratitude le cri du psalmiste : « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'Il m'a fait ? » (Ps 115, 12). Oui, comment rendre grâce au Seigneur pour la vie qu'Il nous a donnée ? Là encore, la réponse à la question du psalmiste se trouve dans le psaume lui-même, car la Parole de Dieu répond miséricordieusement elle-même aux questions qu'elle pose. Comment rendre grâce au Seigneur pour tout le bien qu'il nous fait sinon en se conformant à ses propres paroles : « J'élèverai la coupe du salut, j'invoquerai le nom du Seigneur » (Ps 115,13) ?

Élever la coupe du salut et invoquer le nom du Seigneur, n'est-ce pas précisément le meilleur moyen de « fuir les idoles », comme nous le demande saint Paul ? Chaque fois qu'une Messe est célébrée, chaque fois que le Christ se rend sacramentellement présent dans son Église, c'est l’œuvre de notre salut qui s'accomplit. Célébrer l’Eucharistie signifie reconnaître que Dieu seul est en mesure de nous offrir le bonheur en plénitude, de nous enseigner les vraies valeurs, les valeurs éternelles qui ne connaîtront jamais de couchant. Dieu est présent sur l'autel, mais il est aussi présent sur l'autel de notre cœur lorsque, en communiant, nous le recevons dans le Sacrement eucharistique. Lui seul nous apprend à fuir les idoles, mirages de la pensée.

Or, chers frères et sœurs, qui peut élever la coupe du salut et invoquer le nom du Seigneur au nom du peuple de Dieu tout entier, sinon le prêtre ordonné dans ce but par l'Évêque ? Ici, chers fidèles de Paris et de la région parisienne, mais aussi vous tous qui êtes venus de la France entière et d'autres pays limitrophes, permettez-moi de lancer un appel confiant en la foi et en la générosité des jeunes qui se posent la question de la vocation religieuse ou sacerdotale : n'ayez pas peur ! N'ayez pas peur de donner votre vie au Christ ! Rien ne remplacera jamais le ministère des prêtres au cœur de l'Église ! Rien ne remplacera jamais une Messe pour le Salut du monde ! Chers jeunes ou moins jeunes qui m'écoutez, ne laissez pas l'appel du Christ sans réponse. Saint Jean Chrysostome, dans son Traité sur le sacerdoce, a montré combien la réponse de l'homme pouvait être lente à venir, cependant il est l'exemple vivant de l'action de Dieu au cœur d'une liberté humaine qui se laisse façonner par sa grâce.

Enfin, si nous reprenons les paroles que le Christ nous a laissées dans son Évangile, nous verrons qu'Il nous a lui-même appris à fuir l'idolâtrie, en nous invitant à bâtir notre maison « sur le roc » (Lc 6, 48). Qui est ce roc, sinon Lui-même ? Nos pensées, nos paroles et nos actions n'acquièrent leur véritable dimension que si nous les référons au message de l'Évangile. « Ce que dit la bouche, c'est ce qui déborde du cœur » (Lc 6, 45). Lorsque nous parlons, cherchons-nous le bien de notre interlocuteur ? Lorsque nous pensons, cherchons-nous à mettre notre pensée en accord avec la pensée de Dieu ? Lorsque nous agissons, cherchons-nous à répandre l'Amour qui nous fait vivre? Saint Jean Chrysostome dit encore : « maintenant, si nous participons tous au même pain, et si tous nous devenons cette même substance, pourquoi ne montrons-nous pas la même charité ? Pourquoi, pour la même raison, ne devenons-nous pas un même tout unique ? … ô homme, c'est le Christ qui est venu te chercher, toi qui étais si loin de lui, pour s'unir à toi ; et toi, tu ne veux pas t'unir à ton frère ? » (Homélie 24 sur la Première Lettre aux Corinthiens, 2).

L'espérance demeurera toujours la plus forte ! L'Église, bâtie sur le roc du Christ, possède les promesses de la vie éternelle, non parce que ses membres seraient plus saints que les autres hommes, mais parce que le Christ a fait cette promesse à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église, et la puissance de la mort ne l'emportera pas sur elle. » (Mt 16, 18). Dans cette espérance indéfectible de la présence éternelle de Dieu à chacune de nos âmes, dans cette joie de savoir que le Christ est avec nous jusqu'à la fin des temps, dans cette force que l'Esprit donne à tous ceux et à toutes celles qui acceptent de se laisser saisir par lui, je vous confie, chers chrétiens de Paris et de France, à l'action puissante et miséricordieuse du Dieu d'amour qui est mort pour nous sur la Croix et ressuscité victorieusement au matin de Pâques. À tous les hommes de bonne volonté qui m'écoutent, je redis comme saint Paul : Fuyez le culte des idoles, ne vous lassez pas de faire le bien !

Que Dieu notre Père vous conduise à Lui et fasse briller sur vous la splendeur de sa gloire ! Que le Fils unique de Dieu, notre Maître et notre Frère, vous révèle la beauté de son visage de Ressuscité ! Que l'Esprit Saint vous comble de ses dons et vous donne la joie de connaître la paix et la lumière de la Très Sainte Trinité, maintenant et dans les siècles des siècles ! Amen !

 

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13 septembre 2008 6 13 /09 /septembre /2008 08:00

Monsieur le Chancelier,
Madame et Messieurs les Secrétaires Perpétuels
des Cinq Académies,
Messieurs les Cardinaux,
Chers frères dans l’Épiscopat et le Sacerdoce,
Chers Amis Académiciens,
Mesdames et Messieurs !

C'est pour moi un très grand honneur d'être reçu ce matin sous la Coupole. Je vous remercie (…) de vos paroles d’accueil pleines de courtoisie et de la médaille que vous avez bien voulu m’offrir. Je ne pouvais pas venir à Paris sans vous saluer personnellement. Il m'est agréable de profiter de cette heureuse occasion pour souligner les liens profonds qui m'attachent à la culture française pour laquelle j'éprouve une grande admiration. Dans mon parcours intellectuel, la rencontre avec la culture française a eu une importance singulière. Je saisis volontiers l’occasion qui m’est donnée pour exprimer à son égard ma gratitude, à titre personnel et comme successeur de Pierre. La plaque que nous venons de dévoiler gardera le souvenir de notre rencontre.

 


Les armes de N.S.P. le Pape Benoît XVI (photo D.R.)


Rabelais affirmait fort justement en son temps : « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme ! » (Pantagruel, 8). C’est pour contribuer à éviter le risque d’une semblable dichotomie que, au mois de janvier, et pour la première fois en trois siècles et demi, deux Académies de l'Institut, deux Académies Pontificales et l'Institut Catholique de Paris ont organisé un Colloque inter-académique sur l’identité changeante de l’individu qui a illustré l’intérêt de larges recherches pluridisciplinaires. Cette initiative pourrait se poursuivre afin d'explorer en commun les innombrables sentiers des sciences humaines et expérimentales. Ce vœu s' accompagne de la prière que je fais monter vers le Seigneur pour vous, pour les personnes qui vous sont chères et pour tous les membres des Académies, ainsi que pour tout le personnel de l'Institut de France. Que Dieu vous bénisse !

 

 

 

 

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publié par la Section de Toulouse - dans Politique religieuse
12 septembre 2008 5 12 /09 /septembre /2008 22:45

Chers jeunes,

Après le recueillement priant des Vêpres à Notre-Dame, c'est avec enthousiasme que vous me saluez ce soir, donnant ainsi un caractère festif et très sympathique à cette rencontre. Elle me rappelle celle inoubliable de juillet dernier à Sydney, à laquelle certains d'entre vous ont participé à l'occasion de la Journée Mondiale de la Jeunesse. Ce soir, je voudrais vous parler de deux points profondément liés l'un à l'autre, qui constituent un véritable trésor où vous pourrez mettre votre cœur (cf. Mt 6, 21).

Le premier se rapporte au thème choisi pour Sydney. Il est aussi celui de votre veillée de prière qui va débuter dans quelques instants. Il s'agit d'un passage tiré des Actes des Apôtres, livre que certains appellent fort justement l'Évangile de l'Esprit Saint : « Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins » (Ac 1, 8). Le Seigneur le dit maintenant à vous ! Sydney a fait redécouvrir à de nombreux jeunes l'importance de l'Esprit Saint dans la vie du chrétien. L'Esprit nous met intimement en rapport avec Dieu, chez qui se trouve la source de toute richesse humaine authentique. Tous, vous cherchez à aimer et à être aimés ! C'est vers Dieu que vous devez vous tourner pour apprendre à aimer et pour avoir la force d'aimer. L'Esprit, qui est Amour, peut ouvrir vos cœurs pour recevoir le don de l'amour authentique. Tous, vous cherchez la vérité et vous voulez en vivre ! Cette vérité, c’est le Christ. Il est le seul Chemin, l'unique Vérité et la vraie Vie. Suivre le Christ signifie véritablement « prendre le large », comme le disent à plusieurs reprises les Psaumes. La route de la Vérité est en même temps une et multiple, selon les divers charismes de chacun, tout comme la Vérité est une et à la fois d’une richesse inépuisable. Confiez-vous à l'Esprit Saint pour découvrir le Christ. L'Esprit est le guide nécessaire de la prière, l'âme de notre espérance et la source de la vraie joie.

Pour approfondir ces vérités de foi, je vous encourage à méditer la grandeur du sacrement de la Confirmation que vous avez reçu et qui vous introduit dans une vie de foi adulte. Il est urgent de mieux comprendre ce sacrement pour vérifier la qualité et la profondeur de votre foi et pour laffermir. L'Esprit Saint vous fait approcher du Mystère de Dieu et vous fait comprendre qui est Dieu. Il vous invite à voir dans votre prochain, le frère que Dieu vous a donné pour vivre avec lui en communion, humainement et spirituellement, pour vivre en Église, donc. En vous révélant qui est le Christ, mort et ressuscité pour nous, Il vous pousse à témoigner. Vous êtes à l'âge de la générosité. Il est urgent de parler du Christ autour de vous, à vos familles et à vos amis, sur vos lieux d'études, de travail ou de loisirs. N'ayez pas peur ! Ayez « le courage de vivre l'évangile et l'audace de le proclamer » (Message aux jeunes du Monde, 20 juillet 2007). Pour cela, je vous encourage à avoir les mots qu'il faut pour annoncer Dieu autour de vous, appuyant votre témoignage sur la force de l'Esprit demandé dans la prière. Portez la Bonne Nouvelle aux jeunes de votre âge et aussi aux autres. Ils connaissent les turbulences des affections, le souci et l'incertitude face au travail et aux études. Ils affrontent des souffrances et ils font l'expérience de joies uniques. Témoignez de Dieu, car, en tant que jeunes, vous faites pleinement partie de la communauté catholique en vertu de votre baptême et en raison de la commune profession de foi (cf. Eph 4, 5). L'Église vous fait confiance, je tiens à vous le dire !

N.S.P. le Pape Benoît XVI, un modèle de sanctification (photo D.R.)

En cette année dédiée à saint Paul, je voudrais vous confier un second trésor, qui était au centre de la vie de cet Apôtre fascinant. Il s'agit du mystère de la Croix. Dimanche, à Lourdes, je célèbrerai la fête de la Croix Glorieuse en me joignant à d'innombrables pèlerins. Beaucoup d'entre vous portent autour de leur cou une chaîne avec une croix. Moi aussi, j'en porte une, comme tous les Évêques d'ailleurs. Ce n'est pas un ornement, ni un bijou. C'est le symbole précieux de notre foi, le signe visible et matériel du ralliement au Christ. Saint Paul parle clairement de la croix au début de sa première Lettre aux Corinthiens. A Corinthe, vivait une communauté agitée et turbulente qui était exposée aux dangers de la corruption de la vie ambiante. Ces dangers sont semblables à ceux que nous connaissons aujourd'hui. Je ne citerais que les suivants : les querelles et les luttes au sein de la communauté des croyants, la séduction offerte par de pseudo sagesses religieuses ou philosophiques, la superficialité de la foi et la morale dissolue. Saint Paul débute sa Lettre en écrivant : « Le langage de la croix est folie pour ceux qui vont vers leur perte, mais pour ceux qui vont vers le salut, pour nous, il est puissance de Dieu » (1 Cor 1,18). Puis l'Apôtre montre l'opposition singulière qui existe entre la sagesse et la folie, selon Dieu et selon les hommes. Il en parle lorsqu'il évoque la fondation de lÉglise à Corinthe et au sujet de sa propre prédication. Il conclut en insistant sur la beauté de la sagesse de Dieu que le Christ et, à sa suite, ses Apôtres sont venus enseigner au monde et aux chrétiens. Cette sagesse, mystérieuse et demeurée cachée (Cf. 1 Cor 2, 7), nous a été révélée par l'Esprit car « l’homme qui n’a que ses forces d’homme ne peut pas saisir ce qui vient de l’Esprit de Dieu ; pour lui ce n’est que folie, et il ne peut pas comprendre, car c'est par l’Esprit qu'on en juge » (1 Cor 2, 14).

L'Esprit ouvre l’intelligence humaine à de nouveaux horizons qui la dépassent et lui fait comprendre que l'unique vraie sagesse réside dans la grandeur du Christ. Pour les chrétiens, la Croix symbolise la sagesse de Dieu et son amour infini révélé dans le don salvifique du Christ mort et ressuscité pour la vie du monde, pour la vie de chacun et de chacune d'entre vous en particulier. Puisse cette découverte d’un Dieu qui s’est fait homme par amour, cette découverte bouleversante vous inviter à respecter et à vénérer la Croix ! Elle est non seulement le signe de votre vie en Dieu et de votre salut, mais elle est aussi - vous le comprenez - le témoin muet des douleurs des hommes et, en même temps, l'expression unique et précieuse de toutes leurs espérances. Chers jeunes, je sais que vénérer la Croix attire aussi parfois la raillerie et même la persécution. La Croix compromet en quelque sorte la sécurité humaine, mais elle affermit, aussi et surtout, la grâce de Dieu et confirme notre salut. Ce soir, je vous confie la Croix du Christ. L'Esprit Saint vous en fera comprendre les mystères d'amour et vous crierez alors avec Saint Paul : « Pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil. Par elle, le monde est à jamais crucifié pour moi, comme moi pour le monde » (Gal 6, 14). Paul avait compris la parole de Jésus – apparemment paradoxale – selon laquelle c’est seulement en donnant («en perdant ») sa propre vie qu’on peut la trouver (cf. Mc 8,35 ; Jn 12,24) et il en avait conclu que la Croix exprime la loi fondamentale de l’amour et est la formulation parfaite de la vraie vie. Puisse l'approfondissement du mystère de la Croix faire découvrir à certains d'entre vous l'appel à servir le Christ de manière plus totale dans la vie sacerdotale ou religieuse !

Il est temps maintenant de commencer la veillée de prière pour laquelle vous vous êtes rassemblés ce soir. N'oubliez pas les deux trésors que le Pape vous a présentés ce soir : l'Esprit Saint et la Croix ! Je voudrais, pour conclure vous dire encore une fois que je vous fais confiance, chers jeunes, et je voudrais que vous éprouviez aujourd'hui et demain l'estime et l'affection de l'Église ! Maintenant, nous voyons ici : l’Église vivante… Que Dieu vous accompagne chaque jour et qu'Il vous bénisse ainsi que vos familles et vos amis. Bien volontiers, je vous donne la Bénédiction Apostolique ainsi qu'à tous les jeunes de France.

Merci pour votre foi et bonne veillée.

 

 

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12 septembre 2008 5 12 /09 /septembre /2008 22:30

Monsieur le Cardinal,
Madame le Ministre de la Culture,
Monsieur le Maire,
Monsieur le Chancelier de l’Institut,
Chers amis,

Merci, Monsieur le Cardinal, pour vos aimables paroles. Nous nous trouvons dans un lieu historique, lieu édifié par les fils de saint Bernard de Clairvaux et que votre grand prédécesseur, le regretté Cardinal Jean-Marie Lustiger, a voulu comme un centre de dialogue de la Sagesse chrétienne avec les courants culturels, intellectuels et artistiques de votre société. Je salue particulièrement Madame le Ministre de la Culture qui représente le gouvernement, ainsi que Monsieur Giscard d’Estaing et Monsieur Chirac. J’adresse également mes salutations aux ministres présents, aux représentants de l’UNESCO, à Monsieur le Maire de Paris et à toutes les autres autorités. Je ne veux pas oublier mes collègues de l’Institut de France qui savent ma considération et je désire remercier le Prince de Broglie de ses paroles cordiales. Nous nous reverrons demain matin. Je remercie les délégués de la communauté musulmane française d’avoir accepté de participer à cette rencontre ; je leur adresse mes vœux les meilleurs en ce temps du ramadan. Mes salutations chaleureuses vont maintenant tout naturellement vers l’ensemble du monde multiforme de la culture que vous représentez si dignement, chers invités.

N.S.P. le Pape Benoît XVI prononçant un discours (photo D.R.)

J’aimerais vous parler ce soir des origines de la théologie occidentale et des racines de la culture européenne. J’ai mentionné en ouverture que le lieu où nous nous trouvons était emblématique. Il est lié à la culture monastique. De jeunes moines ont ici vécu pour s’initier profondément à leur vocation et pour bien vivre leur mission. Ce lieu, évoque-t-il pour nous encore quelque chose ou n’y rencontrons-nous qu’un monde désormais révolu ? Pour pouvoir répondre, nous devons réfléchir un instant sur la nature même du monachisme occidental. De quoi s’agissait-il alors ? En considérant les fruits historiques du monachisme, nous pouvons dire qu’au cours de la grande fracture culturelle, provoquée par la migration des peuples et par la formation des nouveaux ordres étatiques, les monastères furent des espaces où survécurent les trésors de l’antique culture et où, en puisant à ces derniers, se forma petit à petit une culture nouvelle. Comment cela s’est-il passé ? Quelle était la motivation des personnes qui se réunissaient en ces lieux ? Quels étaient leurs désirs ? Comment ont-elles vécu ?

Avant toute chose, il faut reconnaître avec beaucoup de réalisme que leur volonté n’était pas de créer une culture nouvelle ni de conserver une culture du passé. Leur motivation était beaucoup plus simple. Leur objectif était de chercher Dieu, quaerere Deum. Au milieu de la confusion de ces temps où rien ne semblait résister, les moines désiraient la chose la plus importante : s’appliquer à trouver ce qui a de la valeur et demeure toujours, trouver la Vie elle-même. Ils étaient à la recherche de Dieu. Des choses secondaires, ils voulaient passer aux réalités essentielles, à ce qui, seul, est vraiment important et sûr. On dit que leur être était tendu vers l’« eschatologie ». Mais cela ne doit pas être compris au sens chronologique du terme - comme s’ils vivaient les yeux tournés vers la fin du monde ou vers leur propre mort - mais au sens existentiel : derrière le provisoire, ils cherchaient le définitif. Quaerere Deum : comme ils étaient chrétiens, il ne s’agissait pas d’une aventure dans un désert sans chemin, d’une recherche dans l’obscurité absolue. Dieu lui-même a placé des bornes milliaires, mieux, il a aplani la voie, et leur tâche consistait à la trouver et à la suivre. Cette voie était sa Parole qui, dans les livres des Saintes Écritures, était offerte aux hommes. La recherche de Dieu requiert donc, intrinsèquement, une culture de la parole, ou, comme le disait Dom Jean Leclercq : eschatologie et grammaire sont dans le monachisme occidental indissociables l’une de l’autre (cf. L’amour des lettres et le désir de Dieu, p.14). Le désir de Dieu comprend l’amour des lettres, l’amour de la parole, son exploration dans toutes ses dimensions. Puisque dans la parole biblique Dieu est en chemin vers nous et nous vers Lui, ils devaient apprendre à pénétrer le secret de la langue, à la comprendre dans sa structure et dans ses usages. Ainsi, en raison même de la recherche de Dieu, les sciences profanes, qui nous indiquent les chemins vers la langue, devenaient importantes. La bibliothèque faisait, à ce titre, partie intégrante du monastère tout comme l’école. Ces deux lieux ouvraient concrètement un chemin vers la parole. Saint Benoît appelle le monastère une dominici servitii schola, une école du service du Seigneur. L’école et la bibliothèque assuraient la formation de la raison et l’eruditio, sur la base de laquelle l’homme apprend à percevoir au milieu des paroles, la Parole.

Pour avoir une vision d’ensemble de cette culture de la parole liée à la recherche de Dieu, nous devons faire un pas supplémentaire. La Parole qui ouvre le chemin de la recherche de Dieu et qui est elle-même ce chemin, est une Parole qui donne naissance à une communauté. Elle remue certes jusqu’au fond d’elle-même chaque personne en particulier (cf. Ac 2, 37). Grégoire le Grand décrit cela comme une douleur forte et inattendue qui secoue notre âme somnolente et nous réveille pour nous rendre attentifs à la réalité essentielle, à Dieu (cf. Leclercq, ibid., p. 35). Mais elle nous rend aussi attentifs les uns aux autres. La Parole ne conduit pas uniquement sur la voie d’une mystique individuelle, mais elle nous introduit dans la communauté de tous ceux qui cheminent dans la foi. C’est pourquoi il faut non seulement réfléchir sur la Parole, mais également la lire de façon juste. Tout comme à l’école rabbinique, chez les moines, la lecture accomplie par l’un d’eux est également un acte corporel. « Le plus souvent, quand legere et lectio sont employés sans spécification, ils désignent une activité qui, comme le chant et l’écriture, occupe tout le corps et tout l’esprit », dit à ce propos Dom Leclercq (ibid., p. 21).

Il y a encore un autre pas à faire. La Parole de Dieu elle-même nous introduit dans un dialogue avec Lui. Le Dieu qui parle dans la Bible nous enseigne comment nous pouvons Lui parler. En particulier, dans le Livre des Psaumes, il nous donne les mots avec lesquelles nous pouvons nous adresser à Lui. Dans ce dialogue, nous Lui présentons notre vie, avec ses hauts et ses bas, et nous la transformons en un mouvement vers Lui. Les Psaumes contiennent en plusieurs endroits des instructions sur la façon dont ils doivent être chantés et accompagnés par des instruments musicaux. Pour prier sur la base de la Parole de Dieu, la seule labialisation ne suffit pas, la musique est nécessaire. Deux chants de la liturgie chrétienne dérivent de textes bibliques qui les placent sur les lèvres des Anges : le Gloria qui est chanté une première fois par les Anges à la naissance de Jésus, et le Sanctus qui, selon Isaïe 6, est l’acclamation des Séraphins qui se tiennent dans la proximité immédiate de Dieu. Sous ce jour, la Liturgie chrétienne est une invitation à chanter avec les anges et à donner à la parole sa plus haute fonction. À ce sujet, écoutons encore une fois Jean Leclercq : « Les moines devaient trouver des accents qui traduisent le consentement de l’homme racheté aux mystères qu’il célèbre : les quelques chapiteaux de Cluny qui nous aient été conservés montrent les symboles christologiques des divers tons du chant » (cf. ibid.,  p. 229).

Pour saint Benoît, la règle déterminante de la prière et du chant des moines est la parole du Psaume : Coram angelis psallam Tibi, Domine – en présence des anges, je veux te chanter, Seigneur (cf. 138, 1). Se trouve ici exprimée la conscience de chanter, dans la prière communautaire, en présence de toute la cour céleste, et donc d’être soumis à la mesure suprême : prier et chanter pour s’unir à la musique des esprits sublimes qui étaient considérés comme les auteurs de l’harmonie du cosmos, de la musique des sphères. À partir de là, on peut comprendre la sévérité d’une méditation de saint Bernard de Clairvaux qui utilise une expression de la tradition platonicienne, transmise par saint Augustin, pour juger le mauvais chant des moines qui, à ses yeux, n’était en rien un incident secondaire. Il qualifie la cacophonie d’un chant mal exécuté comme une chute dans la regio dissimilitudinis, dans la ‘région de la dissimilitude’. Saint Augustin avait tiré cette expression de la philosophie platonicienne pour caractériser l’état de son âme avant sa conversion (cf. Confessions, VII, 10.16) : l’homme qui est créé à l’image de Dieu tombe, en conséquence de son abandon de Dieu, dans la ‘région de la dissimilitude’, dans un éloignement de Dieu où il ne Le reflète plus et où il devient ainsi non seulement dissemblable à Dieu, mais aussi à sa véritable nature d’homme. Saint Bernard se montre ici évidemment sévère en recourant à cette expression, qui indique la chute de l’homme loin de lui-même, pour qualifier les chants mal exécutés par les moines, mais il montre à quel point il prend la chose au sérieux. Il indique ici que la culture du chant est une culture de l’être et que les moines, par leurs prières et leurs chants, doivent correspondre à la grandeur de la Parole qui leur est confiée, à son impératif de réelle beauté. De cette exigence capitale de parler avec Dieu et de Le chanter avec les mots qu’Il a Lui-même donnés, est née la grande musique occidentale. Ce n’était pas là l’œuvre d’une « créativité » personnelle où l’individu, prenant comme critère essentiel la représentation de son propre moi, s’érige un monument à lui-même. Il s’agissait plutôt de reconnaître attentivement avec les « oreilles du cœur » les lois constitutives de l’harmonie musicale de la création, les formes essentielles de la musique émise par le Créateur dans le monde et en l’homme, et d’inventer une musique digne de Dieu qui soit, en même temps, authentiquement digne de l’homme et qui proclame hautement cette dignité.

Enfin, pour s’efforcer de saisir cette culture monastique occidentale de la parole, qui s’est développée à partir de la quête intérieure de Dieu, il faut au moins faire une brève allusion à la particularité du Livre ou des Livres par lesquels cette Parole est parvenue jusqu’aux moines. Vue sous un aspect purement historique ou littéraire, la Bible n’est pas simplement un livre, mais un recueil de textes littéraires dont la rédaction s’étend sur plus d’un millénaire et dont les différents livres ne sont pas facilement repérables comme constituant un corpus unifié. Au contraire, des tensions visibles existent entre eux. C’est déjà le cas dans la Bible d’Israël, que nous, chrétiens, appelons l’Ancien Testament. Ça l’est plus encore quand nous, chrétiens, lions le Nouveau Testament et ses écrits à la Bible d’Israël en l’interprétant comme chemin vers le Christ. Avec raison, dans le Nouveau Testament, la Bible n’est pas de façon habituelle appelée « l’Écriture » mais « les Écritures » qui, cependant, seront ensuite considérées dans leur ensemble comme l’unique Parole de Dieu qui nous est adressée. Ce pluriel souligne déjà clairement que la Parole de Dieu nous parvient seulement à travers la parole humaine, à travers des paroles humaines, c’est-à-dire que Dieu nous parle seulement dans l’humanité des hommes, à travers leurs paroles et leur histoire. Cela signifie, ensuite, que l’aspect divin de la Parole et des paroles n’est pas immédiatement perceptible. Pour le dire de façon moderne : l’unité des livres bibliques et le caractère divin de leurs paroles ne sont pas saisissables d’un point de vue purement historique. L’élément historique se présente dans le multiple et l’humain. Ce qui explique la formulation d’un distique médiéval qui, à première vue, apparaît déconcertant : Littera gesta docet – quid credas allegoria…(cf. Augustin de Dacie, Rotulus pugillaris, I). La lettre enseigne les faits ; l’allégorie ce qu’il faut croire, c’est-à-dire l’interprétation christologique et pneumatique.

Nous pouvons exprimer tout cela d’une manière plus simple : l’Écriture a besoin de l’interprétation, et elle a besoin de la communauté où elle s’est formée et où elle est vécue. En elle seulement, elle a son unité et, en elle, se révèle le sens qui unifie le tout. Dit sous une autre forme : il existe des dimensions du sens de la Parole et des paroles qui se découvrent uniquement dans la communion vécue de cette Parole qui crée l’histoire. À travers la perception croissante de la pluralité de ses sens, la Parole n’est pas dévalorisée, mais elle apparaît, au contraire, dans toute sa grandeur et sa dignité. C’est pourquoi le « Catéchisme de l’Église catholique » peut affirmer avec raison que le christianisme n’est pas au sens classique seulement une religion du livre (cf. n. 108). Le christianisme perçoit dans les paroles la Parole, le Logos lui-même, qui déploie son mystère à travers cette multiplicité et la réalité d’une histoire humaine. Cette structure particulière de la Bible est un défi toujours nouveau posé à chaque génération. Selon sa nature, elle exclut tout ce qu’on appelle aujourd’hui « fondamentalisme ». La Parole de Dieu, en effet, n’est jamais simplement présente dans la seule littéralité du texte. Pour l’atteindre, il faut un dépassement et un processus de compréhension qui se laisse guider par le mouvement intérieur de l’ensemble des textes et, à partir de là, doit devenir également un processus vital. Ce n’est que dans l’unité dynamique de leur ensemble que les nombreux livres ne forment qu’un Livre. La Parole de Dieu et Son action dans le monde se révèlent seulement dans la parole et dans l’histoire humaines.

Le caractère crucial de ce thème est éclairé par les écrits de saint Paul. Il a exprimé de manière radicale ce que signifie le dépassement de la lettre et sa compréhension holistique, dans la phrase : « La lettre tue, mais l’Esprit donne la vie » (2 Co 3, 6). Et encore : « Là où est l’Esprit…, là est la liberté » (2 Co 3, 17). Toutefois, la grandeur et l’ampleur de cette perception de la Parole biblique ne peut se comprendre que si l’on écoute saint Paul jusqu’au bout, en apprenant que cet Esprit libérateur a un nom et que, de ce fait, la liberté a une mesure intérieure : « Le Seigneur, c’est l’Esprit, et là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté » (2 Co 3, 17). L’Esprit qui rend libre ne se laisse pas réduire à l’idée ou à la vision personnelle de celui qui interprète. L’Esprit est Christ, et le Christ est le Seigneur qui nous montre le chemin. Avec cette parole sur l’Esprit et sur la liberté, un vaste horizon s’ouvre, mais en même temps, une limite claire est mise à l’arbitraire et à la subjectivité, limite qui oblige fortement l’individu tout comme la communauté et noue un lien supérieur à celui de la lettre du texte : le lien de l’intelligence et de l’amour. Cette tension entre le lien et la liberté, qui va bien au-delà du problème littéraire de l’interprétation de l’Écriture, a déterminé aussi la pensée et l’œuvre du monachisme et a profondément modelé la culture occidentale. Cette tension se présente à nouveau à notre génération comme un défi face aux deux pôles que sont, d’un côté, l’arbitraire subjectif, et de l’autre, le fanatisme fondamentaliste. Si la culture européenne d’aujourd’hui comprenait désormais la liberté comme l’absence totale de liens, cela serait fatal et favoriserait inévitablement le fanatisme et l’arbitraire. L’absence de liens et l’arbitraire ne sont pas la liberté, mais sa destruction.

En considérant « l’école du service du Seigneur » - comme Benoît appelait le monachisme -, nous avons jusque là porté notre attention prioritairement sur son orientation vers la parole, vers l’« ora ». Et, de fait, c’est à partir de là que se détermine l’ensemble de la vie monastique. Mais notre réflexion resterait incomplète, si nous ne fixions pas aussi notre regard, au moins brièvement, sur la deuxième composante du monachisme, désignée par le terme « labora ». Dans le monde grec, le travail physique était considéré comme l’œuvre des esclaves. Le sage, l’homme vraiment libre, se consacrait uniquement aux choses de l’esprit ; il abandonnait le travail physique, considéré comme une réalité inférieure, à ces hommes qui n’étaient pas supposés atteindre cette existence supérieure, celle de l’esprit. La tradition juive était très différente : tous les grands rabbins exerçaient parallèlement un métier artisanal. Paul, comme rabbi puis comme héraut de l’Évangile aux Gentils, était un fabricant de tentes et il gagnait sa vie par le travail de ses mains. Il n’était pas une exception, mais il se situait dans la tradition commune du rabbinisme. Le monachisme chrétien a accueilli cette tradition : le travail manuel en est un élément constitutif. Dans sa Regula, saint Benoît ne parle pas au sens strict de l’école, même si l’enseignement et l’apprentissage – comme nous l’avons vu – étaient acquis dans les faits ; en revanche, il parle explicitement, dans un chapitre de sa Règle, du travail (cf. chap. 48). Augustin avait fait de même en consacrant au travail des moines un livre particulier. Les chrétiens, s’inscrivant dans la tradition pratiquée depuis longtemps par le judaïsme, devaient, en outre, se sentir interpelés par la parole de Jésus dans l’Évangile de Jean, où il défendait son action le jour du shabbat : « Mon Père (…) est toujours à l’œuvre, et moi aussi je suis à l’œuvre » (5, 17). Le monde gréco-romain ne connaissait aucun Dieu Créateur. La divinité suprême selon leur vision ne pouvait pas, pour ainsi dire, se salir les mains par la création de la matière. « L’ordonnancement » du monde était le fait du démiurge, une divinité subordonnée. Le Dieu de la Bible est bien différent : Lui, l’Un, le Dieu vivant et vrai, est également le Créateur. Dieu travaille, il continue d’œuvrer dans et sur l’histoire des hommes. Et dans le Christ, il entre comme Personne dans l’enfantement laborieux de l’histoire. « Mon Père est toujours à l’œuvre et moi aussi je suis à l’œuvre ». Dieu Lui-même est le Créateur du monde, et la création n’est pas encore achevée. Dieu travaille, ergázetai ! C’est ainsi que le travail des hommes devait apparaître comme une expression particulière de leur ressemblance avec Dieu qui rend l’homme participant à l’œuvre créatrice de Dieu dans le monde. Sans cette culture du travail qui, avec la culture de la parole, constitue le monachisme, le développement de l’Europe, son ethos et sa conception du monde sont impensables. L’originalité de cet ethos devrait cependant faire comprendre que le travail et la détermination de l’histoire par l’homme sont une collaboration avec le Créateur, qui ont en Lui leur mesure. Là où cette mesure vient à manquer et là où l’homme s’élève lui-même au rang de créateur déiforme, la transformation du monde peut facilement aboutir à sa destruction.

Nous sommes partis de l’observation que, dans l’effondrement de l’ordre ancien et des antiques certitudes, l’attitude de fond des moines était le quaerere Deum - se mettre à la recherche de Dieu. C’est là, pourrions-nous dire, l’attitude vraiment philosophique : regarder au-delà des réalités pénultièmes et se mettre à la recherche des réalités ultimes qui sont vraies. Celui qui devenait moine, s’engageait sur un chemin élevé et long, il était néanmoins déjà en possession de la direction : la Parole de la Bible dans laquelle il écoutait Dieu parler. Dès lors, il devait s’efforcer de Le comprendre pour pouvoir aller à Lui. Ainsi, le cheminement des moines, tout en restant impossible à évaluer dans sa progression, s’effectuait au cœur de la Parole reçue. La quête des moines comprend déjà en soi, dans une certaine mesure, sa résolution. Pour que cette recherche soit possible, il est nécessaire qu’il existe dans un premier temps un mouvement intérieur qui suscite non seulement la volonté de chercher, mais qui rende aussi crédible le fait que dans cette Parole se trouve un chemin de vie, un chemin de vie sur lequel Dieu va à la rencontre de l’homme pour lui permettre de venir à Sa rencontre. En d’autres termes, l’annonce de la Parole est nécessaire. Elle s’adresse à l’homme et forge en lui une conviction qui peut devenir vie. Afin que s’ouvre un chemin au cœur de la parole biblique en tant que Parole de Dieu, cette même Parole doit d’abord être annoncée ouvertement. L’expression classique de la nécessité pour la foi chrétienne de se rendre communicable aux autres se résume dans une phrase de la Première Lettre de Pierre, que la théologie médiévale regardait comme le fondement biblique du travail des théologiens : « Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte (logos) de l’espérance qui est en vous » (3, 15). (Le Logos, la raison de l’espérance doit devenir apo-logie, doit devenir réponse). De fait, les chrétiens de l’Église naissante ne considéraient pas leur annonce missionnaire comme une propagande qui devait servir à augmenter l’importance de leur groupe, mais comme une nécessité intrinsèque qui dérivait de la nature de leur foi. Le Dieu en qui ils croyaient était le Dieu de tous, le Dieu Un et Vrai qui s’était fait connaître au cours de l’histoire d’Israël et, finalement, à travers son Fils, apportant ainsi la réponse qui concernait tous les hommes et, qu’au plus profond d’eux-mêmes, tous attendent. L’universalité de Dieu et l’universalité de la raison ouverte à Lui constituaient pour eux la motivation et, à la fois, le devoir de l’annonce. Pour eux, la foi ne dépendait pas des habitudes culturelles, qui sont diverses selon les peuples, mais relevait du domaine de la vérité qui concerne, de manière égale, tous les hommes.

Le schéma fondamental de l’annonce chrétienne ad extra - aux hommes qui, par leurs questionnements, sont en recherche – se dessine dans le discours de saint Paul à l’Aréopage. N’oublions pas qu’à cette époque, l’Aréopage n’était pas une sorte d’académie où les esprits les plus savants se rencontraient pour discuter sur les sujets les plus élevés, mais un tribunal qui était compétent en matière de religion et qui devait s’opposer à l’intrusion de religions étrangères. C’est précisément ce dont on accuse Paul : « On dirait un prêcheur de divinités étrangères » (Ac 17, 18). Ce à quoi Paul réplique : « J’ai trouvé chez vous un autel portant cette inscription : "Au dieu inconnu". Or, ce que vous vénérez sans le connaître, je viens vous l’annoncer » (cf. 17, 23). Paul n’annonce pas des dieux inconnus. Il annonce Celui que les hommes ignorent et pourtant connaissent : l’Inconnu-Connu. C’est Celui qu’ils cherchent, et dont, au fond, ils ont connaissance et qui est cependant l’Inconnu et l’Inconnaissable. Au plus profond, la pensée et le sentiment humains savent de quelque manière que Dieu doit exister et qu’à l’origine de toutes choses, il doit y avoir non pas l’irrationalité, mais la Raison créatrice, non pas le hasard aveugle, mais la liberté. Toutefois, bien que tous les hommes le sachent d’une certaine façon – comme Paul le souligne dans la Lettre aux Romains (1, 21) – cette connaissance demeure ambigüe : un Dieu seulement pensé et élaboré par l’esprit humain n’est pas le vrai Dieu. Si Lui ne se montre pas, quoi que nous fassions, nous ne parvenons pas pleinement jusqu’à Lui. La nouveauté de l’annonce chrétienne c’est la possibilité de dire maintenant à tous les peuples : Il s’est montré, Lui personnellement. Et à présent, le chemin qui mène à Lui est ouvert. La nouveauté de l’annonce chrétienne ne réside pas dans une pensée, mais dans un fait : Dieu s’est révélé. Ce n’est pas un fait nu mais un fait qui, lui-même, est Logos – présence de la Raison éternelle dans notre chair. Verbum caro factum est (Jn 1, 14) : il en est vraiment ainsi en réalité, à présent, le Logos est là, le Logos est présent au milieu de nous. C’est un fait rationnel. Cependant, l’humilité de la raison sera toujours nécessaire pour pouvoir l’accueillir. Il faut l’humilité de l’homme pour répondre à l’humilité de Dieu.

Sous de nombreux aspects, la situation actuelle est différente de celle que Paul a rencontrée à Athènes, mais, tout en étant différente, elle est aussi, en de nombreux points, très analogue. Nos villes ne sont plus remplies d’autels et d’images représentant de multiples divinités. Pour beaucoup, Dieu est vraiment devenu le grand Inconnu. Malgré tout, comme jadis où derrière les nombreuses représentations des dieux était cachée et présente la question du Dieu inconnu, de même, aujourd’hui, l’actuelle absence de Dieu est aussi tacitement hantée par la question qui Le concerne. Quaerere Deum – chercher Dieu et se laisser trouver par Lui : cela n’est pas moins nécessaire aujourd’hui que par le passé. Une culture purement positiviste, qui renverrait dans le domaine subjectif, comme non scientifique, la question concernant Dieu, serait la capitulation de la raison, le renoncement à ses possibilités les plus élevées et donc un échec de l’humanisme, dont les conséquences ne pourraient être que graves. Ce qui a fondé la culture de l’Europe, la recherche de Dieu et la disponibilité à L’écouter, demeure aujourd’hui encore le fondement de toute culture véritable.

Merci beaucoup.

 

 

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publié par la Section de Toulouse - dans Politique religieuse
12 septembre 2008 5 12 /09 /septembre /2008 22:00

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis !

Foulant le sol de France pour la première fois depuis que la Providence m'a appelé sur le Siège de Pierre, je suis ému et honoré de l’accueil chaleureux que vous me réservez. Je vous suis particulièrement reconnaissant, Monsieur le Président, pour l’invitation cordiale que vous m’avez faite à visiter votre pays ainsi que pour les paroles de bienvenue que vous venez de m’adresser. Comment ne pas me souvenir de la visite que Votre Excellence m'a rendue au Vatican voici neuf mois ? A travers vous, je salue tous ceux et toutes celles qui habitent ce pays à l'histoire millénaire, au présent riche d'événements et à l'avenir prometteur. Qu'ils sachent que la France est très souvent au cœur de la prière du Pape, qui ne peut oublier tout ce qu'elle a apporté à l'Église au cours des vingt derniers siècles ! La raison première de mon voyage est la célébration du 150e anniversaire des apparitions de la Vierge Marie, à Lourdes. Je désire me joindre à la foule des innombrables pèlerins du monde entier, qui convergent au cours de cette année vers le sanctuaire marial, animés par la foi et par l’amour. C'est une foi, c’est un amour que je viens célébrer ici dans votre pays, au cours des quatre journées de grâce qu'il me sera donné d'y passer.


 
Mon pèlerinage à Lourdes devait comporter une étape à Paris. Votre capitale m'est familière et je la connais assez bien. J'y ai souvent séjourné et j'y ai lié, au fil des ans, en raison de mes études et de mes fonctions antérieures, de bonnes amitiés humaines et intellectuelles. J'y reviens avec joie, heureux de l’occasion qui m'est ainsi donnée de rendre hommage à l'imposant patrimoine de culture et de foi qui a façonné votre pays de manière éclatante durant des siècles et qui a offert au monde de grandes figures de serviteurs de la Nation et de l'Église dont l'enseignement et l'exemple ont franchi tout naturellement vos frontières géographiques et nationales pour marquer le devenir du monde. Lors de votre visite à Rome, Monsieur le Président, vous avez rappelé que les racines de la France - comme celles de l'Europe - sont chrétiennes. L'Histoire suffit à le montrer : dès ses origines, votre pays a reçu le message de l'Évangile. Si les documents font parfois défaut, il n'en reste pas moins que l'existence de communautés chrétiennes est attestée en Gaule à une date très ancienne : on ne peut rappeler sans émotion que la ville de Lyon avait déjà un évêque au milieu du IIe siècle et que saint Irénée, l'auteur de l'Adversus haereses, y donna un témoignage éloquent de la vigueur de la pensée chrétienne. Or, saint Irénée venait de Smyrne pour prêcher la foi au Christ ressuscité. Lyon avait un évêque dont la langue maternelle était le grec : y a-t-il plus beau signe de la nature et de la destination universelles du message chrétien ? Implantée à haute époque dans votre pays, l'Église y a joué un rôle civilisateur auquel il me plaît de rendre hommage en ce lieu. Vous y avez-vous-même fait allusion dans votre discours au Palais du Latran en décembre dernier et de nouveau aujourd’hui. Transmission de la culture antique par le biais des moines, professeurs ou copistes, formation des cœurs et des esprits à l'amour du pauvre, aide aux plus démunis par la fondation de nombreuses congrégations religieuses, la contribution des chrétiens à la mise en place des institutions de la Gaule, puis de la France, est trop connue pour que je m'y attarde longtemps. Les milliers de chapelles, d'églises, d'abbayes et de cathédrales qui ornent le cœur de vos villes ou la solitude de vos campagnes disent assez combien vos pères dans la foi ont voulu honorer Celui qui leur avait donné la vie et qui nous maintient dans l'existence.

De nombreuses personnes  en France se sont arrêtées pour réfléchir sur les rapports de l'Église et de l'État. Sur le problème des relations entre la sphère politique et la sphère religieuse, le Christ même avait déjà offert le principe d’une juste solution lorsqu'il répondit à une question qu'on Lui posait : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mc 12,17). L’Église en France jouit actuellement d’un régime de liberté. La méfiance du passé s'est transformée peu à peu en un dialogue serein et positif, qui se consolide toujours plus. Un nouvel instrument de dialogue existe depuis 2002 et j'ai grande confiance en son travail, car la bonne volonté est réciproque. Nous savons que restent encore ouverts certains terrains de dialogue qu'il nous faudra parcourir et assainir peu à peu avec détermination et patience. Vous avez d'ailleurs utilisé, Monsieur le Président, la belle expression de «laïcité positive» pour qualifier cette compréhension plus ouverte. En ce moment historique où les cultures s’entrecroisent de plus en plus, je suis profondément convaincu qu’une nouvelle réflexion sur le vrai sens et sur l’importance de la laïcité est devenue nécessaire. Il est en effet fondamental, d’une part, d’insister sur la distinction entre le politique et le religieux, afin de garantir aussi bien la liberté religieuse des citoyens que la responsabilité de l’État envers eux, et d’autre part, de prendre une conscience plus claire de la fonction irremplaçable de la religion pour la formation des consciences et de la contribution qu’elle peut apporter, avec d’autres instances, à la création d’un consensus éthique fondamental dans la société.

Le Pape, témoin d'un Dieu aimant et Sauveur, s'efforce d'être un semeur de charité et d'espérance. Toute société humaine a besoin d'espérance, et cette nécessité est encore plus forte dans le monde d’aujourd’hui qui offre peu d'aspirations spirituelles et peu de certitudes matérielles. Les jeunes sont ma préoccupation majeure. Certains d’entre eux peinent à trouver une orientation qui leur convienne ou souffrent d’une perte de repères dans leur famille. D’autres encore expérimentent les limites d’un communautarisme religieux. Parfois marginalisés et souvent abandonnés à eux-mêmes, ils sont fragiles et ils doivent affronter seuls une réalité qui les dépasse. Il est donc nécessaire de leur offrir un bon cadre éducatif et de les encourager à respecter et à aider les autres, afin qu’ils arrivent sereinement à l'âge responsable. L'Église peut apporter dans ce domaine sa contribution spécifique. La situation sociale occidentale, hélas marquée par une avancée sournoise de la distance entre les riches et les pauvres, me soucie aussi. Je suis certain qu'il est possible de trouver de justes solutions qui, dépassant l'aide immédiate nécessaire, iront au cœur des problèmes afin de protéger les faibles et de promouvoir leur dignité. À travers ses nombreuses institutions et par ses activités, l'Église, tout comme de nombreuses associations dans votre pays, tente souvent de parer à l'immédiat, mais c'est à l'État qu'il revient de légiférer pour éradiquer les injustices. Dans un cadre beaucoup plus large, Monsieur le Président, l'état de notre planète me préoccupe aussi. Avec grande générosité, Dieu nous a confié le monde qu'il a créé. Il faudra apprendre à le respecter et à le protéger davantage. Il me semble qu'est arrivé le moment de faire des propositions plus constructives pour garantir le bien des générations futures.

L'exercice de la Présidence de l'Union Européenne est l'occasion pour votre pays de témoigner de l'attachement de la France aux droits de l'homme et à leur promotion pour le bien de l'individu et de la société. Lorsque l'Européen verra et expérimentera personnellement que les droits inaliénables de la personne humaine, depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle, ainsi que ceux relatifs à son éducation libre, à sa vie familiale, à son travail, sans oublier naturellement ses droits religieux, lorsque donc cet Européen saisira que ces droits, qui constituent un tout indissociable, sont promus et respectés, alors il comprendra pleinement la grandeur de la construction de l'Union et en deviendra un artisan actif. La charge qui vous incombe, Monsieur le Président, n'est pas facile. Les temps sont incertains, et c'est une entreprise ardue de trouver la bonne voie parmi les méandres du quotidien social et économique, national et international. En particulier, devant le danger de l’émergence d’anciennes méfiances, de tensions et d’oppositions entre les Nations, dont nous sommes aujourd’hui les témoins préoccupés, la France, historiquement sensible à la réconciliation des peuples, est appelée à aider l’Europe à construire la paix dans ses frontières et dans le monde entier. À cet égard, il est important de promouvoir une unité qui ne peut pas et ne veut pas être une uniformité, mais qui est capable de garantir le respect des différences nationales et des diverses traditions culturelles qui constituent une richesse dans la symphonie européenne, en rappelant d’autre part que « l’identité nationale elle-même ne se réalise que dans l’ouverture aux autres peuples et à travers la solidarité envers eux » (Exhortation apostolique Ecclesia in Europa, n. 112). J’exprime ma confiance que votre pays contribuera toujours plus à faire progresser ce siècle vers la sérénité, l'harmonie et la paix.

Monsieur le Président, chers amis, je désire une fois encore vous exprimer ma gratitude pour cette rencontre. Je vous assure de ma fervente prière pour votre belle Nation afin que Dieu lui concède paix et prospérité, liberté et unité, égalité et fraternité. Je confie ces vœux à l'intercession maternelle de la Vierge Marie, patronne principale de la France. Que Dieu bénisse la France et tous les Français !

 

 

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