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Blog de liaison interdépartemental pour le Toulousain et les Pyrénées orientales de la fédération interprovinciale du Grand Sud-Ouest de l'Action française

Conte de Noël: comment l'Islande a échappé à l'austérité

 

On lira ci-après un intéressant article sur la situation économique de l'Islande, quatre ans après le début de la crise. L'auteur, M. Salim Lamrani, enseignant dans plusieurs universités françaises, propose en exemple l'exception islandaise comme panacée à l'austérité érigée comme fin en soi, qui est actuellement dictée à plusieurs pays d'Europe au nom des conceptions rigides de l'économie libérale des organismes financiers internationaux comme le Fonds monétaire international (F.M.I.), dont la Banque centrale européenne (B.C.E.) se fait la docile exécutante.

 

Il est certain que le sauvetage parallèle des banques privées par les deniers publics est assez paradoxal avec la posture d'austérité adoptée pour les petits. Alors, deux poids, deux mesures dans l'univers libéral? Epargner aux banques et à leurs patrons, souvent des technocrates incapables qui "pantouflent" dans le secteur privé, la faillite et la punition sévère qu'ils méritent n'est qu'une solution en trompe-l'oeil pour abuser le public.

 

D'autres solutions politiques existent pourtant. Jamais, par exemple, la Monarchie n'a renfloué la banque Law au XVIIIème siècle; la Royaume ne s'en est pas plus mal porté. A force de ne vouloir mécontenter personne, ni sanctionner les mauvais gestionnaires de ces organismes, on risque de perdre de vue la triste réalité et ses nécessités inéluctables. La Monarchie avait des "chambres ardentes" pour faire rendre gorge  aux financiers véreux; la Démocratie, nourrie par le cordon ombilical qui la relie à la grande Finance cosmopolite, sera toujours incapable d'opérer cette rupture indispensable à l'indépendance du Pouvoir chargé d'exprimer l'intérêt national. C'est justement cette contradiction inhérente au Régime démocratique qu'un gouvernement enfin national résoudrait le plus naturellement du monde, sans heurts, notamment en faisant équitablement contribuer au remboursement de la dette du précédent Régime tous les citoyens et les entreprises dans un système d'imposition rénové, clarifié et simplifié. 

 

Surtout, il faut avoir présent à l'esprit que ce qui est possible pour un "petit" pays d'un quart de million d'habitants, de moeurs égalitaires et sans grandes richesses naturelles, ne l'est pas forcément pour un pays de soixante millions d'habitants, aussi divers de conditions sociales que la France, qui fait pour les spéculateurs apatrides une belle proie à rançonner...

 

En ce tricentenaire de Rousseau, les rêveries de démocratie directe à la suisse ne changeront rien aux faits, qui sont têtus, et ne feraient que nier le réel. C'est la Démocratie gaspilleuse du travail des Français et génératrice d'assistanat et d'étatisme surdimensionnés, qui est la première responsable de l'ampleur de la crise en France. C'est elle qu'il faut remplacer! Aucune VIème République utopique ne fera du Régime un sage gardien de l'épargne populaire! Gardons-nous des illusions démagogiques: il faudra bien payer un jour les 1.600.000.000 d' "euro" de dettes de la Démocratie. Même si le rétablissement du franc et des dévaluations compétitives pourront peut-être en atténuer la douleur, il n'en reste pas moins qu'il faudra imposer aux Français un effort considérable. Jusqu'ici, aucun parti ou politicien républicain ne s'y est risqué: c'est dire qu'un changement en profondeur est vital pour la France. Quel Arbitre l'opèrera?

 

A.F.-Toulouse & Haut-Languedoc

 

 

 

Couple moderne 

Politique-fiction:

Les bobos prendront-ils le Pouvoir?

Encore faudrait-il qu'ils aient

une "conscience politique".

Seule, l'Action française, école de pensée

à qui cent ans de pratique donnent raison, 

peut encore la leur apporter. 

(Photo D.R.) 

 
 
"L’Islande et le refus de l’austérité
 
"Face à la crise économique, alors que l’Union européenne a choisi la voie de l’austérité et a décidé de sauver les banques, l’Islande a au contraire procédé à la nationalisation des institutions financières et a rejeté les politiques de restrictions budgétaires. Avec un taux de croissance de 2,7% en 2012, même le Fonds monétaire international (FMI) salue le redressement économique du pays.

 

"Lorsqu’en septembre 2008, la crise économique et financière a touché l’Islande, petit archipel du Nord de l’Europe peuplé de 320 000 habitants, l’impact a été désastreux, comme sur le reste du continent. La spéculation financière a conduit les trois principales banques à la faillite, dont les actifs représentaient une somme dix fois supérieure au PIB de la nation, avec une perte nette de 85 milliards de dollars. Le taux de chômage a été multiplié par 9 entre 2008 et 2010, alors que le pays jouissait auparavant du plein emploi. La dette de l’Islande représentait 900% du PIB et la monnaie nationale avait été dévaluée de 80% par rapport à l’euro. Le pays s’est retrouvé plongé dans une profonde récession, avec un recul du PIB de 11% en deux ans [1].

 

"Face à la crise

 

"En 2009, lorsque le gouvernement a voulu appliquer les mesures d’austérité exigées par le FMI, en échange d’une aide financière de 2,1 milliards d’euros, une forte mobilisation populaire l’a contraint à la démission. Lors des élections anticipées, la gauche a remporté la majorité absolue au Parlement [2].

 

"Le nouveau pouvoir a néanmoins fait adopter la loi Icesave – du nom de la banque en ligne privée qui a fait faillite et dont les épargnants étaient en majorité hollandais et britanniques – afin de rembourser les clients étrangers. Cette législation contraignait l’ensemble des Islandais à rembourser une dette de 3,5 milliards d’euros (40% du PIB) – 9000 euros par habitant – sur 15 ans à un taux de 5%. Face aux nouvelles protestations populaires, le Président a refusé de ratifier le texte parlementaire et l’a soumis à référendum. En mars 2010, 93% des Islandais ont rejeté la loi sur le remboursement des pertes causées par Icesave. Soumise une nouvelle fois à référendum en avril 2011, elle a de nouveau été massivement rejetée à 63% [3].

 

"Une nouvelle Constitution, rédigée par une Assemblée constituante de 25 citoyens élus au suffrage universel parmi 522 candidats et composée de 9 chapitres et de 114 articles, a été adoptée en 2011. Celle-ci prévoit un droit à l’information, avec un accès public pour les documents officiels (Article 15), la création d’un Comité de contrôle de la responsabilité du gouvernement (Article 63), un droit à la consultation directe (Article 65) – 10% des électeurs peuvent demander un référendum sur des lois votées par le Parlement –, ainsi que la nomination du Premier Ministre par le Parlement [4].

 

"Ainsi, contrairement aux autres nations de l’Union européenne dans la même situation, qui ont appliqué à la lettre les recommandations du FMI exigeant l’application de mesures d’une austérité sévèr – comme en Grèce, en Irlande, en Italie ou en Espagne –, l’Islande a choisi une voie alternative. Lorsqu’en 2008, les trois principales banques du pays, Glitnir, Landsbankinn et Kaupthing se sont effondrées, l’Etat islandais a refusé d’y injecter des fonds publics, comme dans le reste de l’Europe. Il a au contraire procédé à leur nationalisation [5].

 

"De la même manière, les banques privées ont été contraintes d’annuler toutes les créances à taux variable dépassant 110% de la valeur des biens immobiliers, évitant ainsi une crise de subprime comme celle des Etats-Unis. Par ailleurs, la Cour Suprême a déclaré illégaux tous les prêts indexés sur des devises étrangères qui ont été octroyés à des particuliers, obligeant ainsi les banques à renoncer à ces créances, au bénéfice de la population [6].

 

"Quant aux responsables du désastre – les banquiers spéculateurs qui ont provoqué l’effondrement du système financier islandais –, ils n’ont pas bénéficié de la mansuétude en vogue à leur égard dans le reste de l’Europe où ils ont été systématiquement absous. En Islande, ils ont été poursuivis par la justice et mis en prison, par Olafur Thor Hauksson, Procureur spécial nommé par le Parlement. Même le Premier Ministre Geir Haarde, accusé de négligence dans la gestion de la crise, n’a pu éviter un procès [7].

 

"Une alternative à l’austérité

 

"Les résultats de la politique économique et sociale islandaise ont été spectaculaires. Alors que l’Union européenne se trouve en pleine récession, l’Islande a bénéficié d’un taux de croissance de 2,1% en 2011 et prévoit un taux de 2,7% pour 2012, et un taux de chômage oscillant autour de 6% [8]. Le pays s’est même offert le luxe de procéder au remboursement anticipé de ses dettes auprès du FMI [9].

 

"Le président islandais Olafur Grímsson a expliqué ce miracle économique : «  La différence est qu’en Islande, nous avons laissé les banques faire faillite. C’était des institutions privées. Nous n’y avons pas injecté de l’argent pour les maintenir à flot. L’Etat n’a pas à assumer cette responsabilité  » [10].

 

"Contre toute attente, le FMI a salué la politique du gouvernement islandais – qui a appliqué des mesures aux antipodes de celles qu’il préconise –, une politique qui a permis de préserver « le précieux modèle nordique de protection sociale ». En effet, l’Islande dispose d’un indice de développement humain assez élevé. « Le FMI déclare que le plan de sauvetage à la manière Islandaise fournit des leçons pour les temps de crise ». L’institution ajoute que « le fait que l’Islande soit parvenue à préserver le bien être social des ménages et obtenir une consolidation fiscale de grande ampleur est l’une des plus grandes réussites du programme et du gouvernement islandais ». Le FMI a néanmoins omis de préciser que ces résultats ont été possibles uniquement parce que l’Islande a rejeté sa thérapie de choc néolibérale et a mis en place un plan de relance alternatif et efficace [11].

 

"Le cas de l’Islande démontre qu’il existe une alternative crédible aux politiques d’austérité appliquées à travers l’Europe. Celles-ci, en plus d’être économiquement inefficaces, sont politiquement coûteuses et socialement insoutenables. En choisissant de placer l’intérêt général au-dessus de celui des marchés, l’Islande montre la voie au reste du continent pour sortir de l’impasse."

 

Salim Lamrani

Source : Opera Mundi
Article original en portugais : http://operamundi.uol.com.br/conteu...

[1] Paul M. Poulsen, « Comment l’Islande, naguère au bord du gouffre, a pu se rétablir », Fond monétaire international, 26 octobre 2011. Site consulté le 11 septembre 2012.

 

[2] Marie-Joëlle Gros, « Islande : la reprise a une sale dette », Libération, 15 avril 2012.

 

[3] Comité d’annulation de la dette du Tiers-monde, « Quand l’Islande réinvente la démocratie », 4 décembre 2010.

 

[4] Constitution de l’Islande, 29 juillet 2011. Site consulté le 11 septembre 2012.

 

[5] Antoine Grenapin, « Comment l’Islande est sortie de l’enfer », Le Point, 27 février 2012.

 

[6] Marie-Joëlle Gros, « Islande : la reprise a une sale dette », op. cit.

 

[7] Caroline Bruneau, « Crise islandaise : l’ex-premier ministre n’est pas sanctionné », 13 mai 2012.

 

[8] Ambrose Evans-Pritchard, « Iceland Wins in the End », The Daily Telegraph, 28 novembre 2011.

 

[9] Le Figaro, « L’Islande a déjà remboursé le FMI », 16 mars 2012.

 

[10] Ambrose Evans-Pritchard, « Iceland Offers Risky Temptation for Ireland as Recession Ends », The Daily Telegraph, 8 décembre 2010.

 

[11] Omar R. Valdimarsson, « IMF Says Bailout Iceland-Style Hold Lessons in Crisis Times », Business Week, 13 août 2012.

 

Source: « L’Islande et le refus de l’austérité  », par Salim Lamrani, Réseau Voltaire, 18 octobre 2012, www.voltairenet.org/article176291.html

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